En l’espace de quelques années à peine, les franc-comtois de Stellardrive se sont taillés une réputatation flatteuse au sein de la chapelle Post Rock qu’ils exaltent de manière instrumentale avec une maîtrise déjà certaine et non sans personnalité. Celle-ci est à rechercher du côté de cette patte stellaire et cosmique qui leur permet de larguer souvent les amarres de la terre ferme pour décoller très haut.
Contrairement à ses trois petits prédécesseurs (par ailleurs disponibles en téléchargement libre), " ERS4 " n’épouse donc pas la forme d’un EP et se présente comme la seconde mise en orbite longue durée du collectif après " Omega Point ". Cet essai sous-titré « Speak, Memory », se veut un peu à l’image du genre auquel il est affilié : ennuyant comme un dimanche de pluie pour certains ou au contraire beau comme un chat qui dort, et détenteur de cette faculté à emporter l’auditeur sur ses ailes pour les autres. La vérité se situe comme bien souvent entre les deux.
Lorsque Stellardrive lâche la bride à des guitares nerveuses, le résultat se pare d’une vraie puissance et d’une beauté qui vous donne des frissons. La seconde partie de "Amuptaum" ou l’excellent "Burnt", qui voit le groupe tricoter des effluves spatiales du plus bel effet illustre notamment cette qualité. En revanche, les ambiances plus introspectives lui réussissent moins (le bien nommé "Quiet Desperation"), les gars ne parvenant alors pas à échapper à un ennui certain quand bien même cela reste toujours très bien fait. Heureusement, Stellardrive a le bon goût de se montrer avare de ce genre d’exercice.
De fait, "ERS4" privilégie les montées en puissance orgasmiques ("Salome", rampe de lancement chargée d’émotions qui tutoie la stratosphère et assurément le Point G de cette écoute) aux respirations contemplatives qui tournent en rond et à vide. Alors bien entendu, Stelladrive aligne comme des pinces à linge sur un fil à peu près tous les invariants inhérents au post rock instrumental dont on ne peut tout de même s’empêcher de penser qu’on en a fait le tour depuis les travaux précurseurs de Pelican ou Explosions In The Sky. Par conséquent l’appréhension de cette seconde exploration ne pourra que s’accompagner d’une certaine subjectivité en fonction de votre sensibilité au genre ou pas. Néanmoins le groupe possède une manière bien à lui de dessiner par le biais de motifs minimalistes des paysages un peu irréels que l’on croit pouvoir toucher mais qui finalement nous échappent.
Sans partager totalement l’enthousiasme général pour ce vol habité - un peu court du reste - reconnaissons que celui-ci atteint son but sans encombre et se faisant, nous pouvons d’ors et déjà annoncer que nous serons du prochain voyage.