Les années quatre vingt arrivent à leurs termes. Des fleurons du Hard Rock comme Aerosmith gravent un monumental "Pump" alors que les petits nouveaux de Kingdom Come offrent un successeur à leur premier et très prometteur album au titre éponyme. Bien entendu, Gary Moore ne se fait pas oublier puisqu’il publiera "After The War" avec la même équipe que sur le précédent et très estimé opus "Wild Frontier", mais en s’appuyant cette fois-ci sur un batteur de renom en la personne de Cozy Powell.
"After The War" ne sera pas un "Wild Frontier Bis" et encore moins une suite qui aurait pu s’avérer logique compte tenu du succès rencontré dès sa sortie en 1987. La trame de fond se situe toujours dans le Hard Rock mélodique mais l’approche en est beaucoup plus simple et directe. Les claviers de Neil Carter ne seront conquérants que sur le morceau donnant son titre à l’album car par la suite, leur présence se fera nettement plus subtile. La section rythmique à toute épreuve composée par le duo Daisley / Powell n’a plus grand chose à prouver, si ce n’est sa redoutable efficacité en toutes circonstances. Gary Moore, comme à son habitude, est irréprochable d’un bout à l’autre.
Mais ce qui fait réellement de cet album une pièce de choix, et non pas seulement "un de plus" dans la discographie bien fournie du géant irlandais, réside sur une diversité fort intéressante guidée par la patte immédiatement reconnaissable du Maître. Pourtant, d’un titre à l’autre, Gary Moore change très aisément de style tout en évitant le piège que peut tendre un patchwork irrémédiablement décousu. Sa terre natale est fièrement représentée par 'Blood Of Emeralds', tandis que 'Led Clones' se fait un écho parodique de groupes très inspirés par Led Zeppelin. La prestation vocale d'Ozzy Osbourne y est d'ailleurs très convaincante. Le Hard Rock façonné US n’échappe pas à la rigueur de ce guitariste hors norme, comme le prouvent 'This Thing Called Love' au feeling très proche de Van Halen et 'Ready For Love' semblable à un 4X4 customisé façon ZZ Top. Plus classiques et représentatifs des années quatre vingt, des morceaux aux tempi plus soutenus tels que 'Speak For Yourself' ou 'Running From The Storm' passent plutôt bien l'épreuve du temps.
Ce "After The War" restera l'ultime témoignage de Gary Moore dans le genre qui l’a fait connaître et reconnaître pendant presque deux décennies comme un génie de la six cordes. Voilà qui peut sans doute expliquer pourquoi cette production foisonne de variété, comme si le virtuose avait déjà en tête quelque chose d’autre...