Il aura fallu 4 années aux New Yorkais d'Agnostic Front pour nous asséner ce nouvel uppercut. Pas de craintes pour autant, ce "My Life, My Way" semble sortir comme un glaviot de la bouche d’un sale gamin revêche. C'est à dire sans préméditation ni beaucoup de réflexion superflue. Tout au plus peut-on remarquer un gros travail sur les guitares, ce qui n’est pas très courant dans ce style musical, et qui donne au son une puissance et une ampleur assez rare.
Pourtant le Hardcore cher au groupe est bien ici à l’honneur, et il n'y a pas tromperie sur la marchandise. Aucune faute de goût : des guitares rapides et saccadées, des vocaux vindicatifs et harangueurs, des chœurs omniprésents. Tout au plus pourrait-on déplorer une section rythmique mixée nettement en retrait et manquant cruellement de présence et de variété. Pour le reste, nous avons ici à faire à un Hardcore hyper professionnel et excessivement bien calibré. Trop bien d’ailleurs, tant le groupe semble peiner à s’éloigner de sa formule de référence. En effet, si l’on excepte "A Mi Manera", qui est chanté en espagnol et qui de ce fait bénéficie d’un phrasé assez original, et l’intro de l’épileptique "That’s Life", nous sommes toujours en terrain connu. A titre d’illustration, essayez donc de différencier les véloces "Empty Dreams" et "Self Pride". Vous risquez de trouver la tâche plus qu’ardue...
Alors certes, le style ne se prête guère aux digressions en tout genre, mais ici le sentiment de répétition déjà assez prononcé, est renforcé par une production massive qui a tendance à uniformiser plus encore le propos de la meute à Miret. A ce titre, l’apport d’Erick Rutan (Morbid Angel, Hate Eternal) au niveau de l’enregistrement ne se révèle pas des plus percutants.
Il ne faut tout de même pas jeter le bébé avec l’eau du bain puisque ce "My Life, My Way" apporte de bonnes sensations. Mais il pêche trop par manque de simplicité et de sobriété pour emporter l’adhésion. Le côté direct et urgent propre à ce style musical est par trop dilué dans une production trop léchée. Sans être mauvais, ce disque est plutôt à réserver aux aficionados du style. Ceux-ci ne manqueront pas de trouver ici leur compte d'hymnes entraînants, propres à assouvir leur soif de propos belliqueux. Mais les autres risquent de faire le tour de ce disque bien trop rapidement.