A ceux qui se trouveraient dans un état proche de l’Ohio, Simeon Soul Charger propose de franchir la frontière afin de découvrir sur les terres qui les ont vu naître, cet univers revigorant, formule étonnante presque récréative à base de rock psychédélique typé années 60-70. Après deux premières et courtes tentatives saluées par la critique, sur « Meet Me In The Afterlife », le quartette invite maintenant ses hôtes dans l’au-delà pour un long voyage dans un passé musical, une remémoration comme une photo fanée retrouvée après des années.
Avec une science du flahback qui pourrait faire illusion, notamment grâce à une production surannée, sol brut et graveleux où l’évocation des hippies y pousse comme de la marijuana, la bande à Aaron Brooks, trublion aux faux airs chantés de Paul Mc Cartney, creuse les sillons d’un rock sixties et seventies mais dans lesquels coulent par endroit des filets folk ou blues.
Ainsi, aux pavés électriques se déchargeant souvent sur leur fin d’un lest psychédélique bouillonnant, grevé de soli de guitares, se succèdent pendant plus d’une heure quelques belles prises teintées de blues (l’incantatoire « Into The Afterlife ») ou plus folk (l’émouvante ballade nostalgique « Please » pas si loin de la douceur des Beatles). Lorsque les esprits s’échauffent, les guitares tiennent alors d’une main de fer des rênes menant vers des sentiers dirait-on plus lourds et modernes à l’instar de l’introduction très Smashing Pumpkins de « Europa's garden ». En revanche, parsemées comme des graines de cannabis, d’autres courtes interventions comme autant d’intermèdes hallucinés ou plus nébuleux, colorent à leur tour efficacement ce joli décor d’autrefois.
Malgré cet imbroglio dans lequel la formation d’Akton semble volontairement se perdre, chacun devrait pourtant s’y retrouver. Simeon Soul Charger est anachronique mais légitime…