Sans révolutionner le style, "Polaris" avait rassuré les amateurs de Stratovarius, échaudés par la chute du combo d’Helsinki qui semblait inexorable depuis l’excellent "Elements Part.1". Et le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis le premier album de l’aire post-Tolkki, les petits nouveaux ont réussi à s’intégrer. A commencer par Matias Kupiainen qui participe à la composition des 2 tiers des titres et produit magistralement cet album enregistré dans son propre studio. Autant dire que le nouveau guitariste marque sérieusement son territoire, surtout qu’il réussit toutes ses missions avec maestria !
Matias offre tout d’abord une production puissante, claire et profonde à cet album sur lequel chaque instrument est mis en valeur. Ensuite, chacune de ses interventions sur sa six-cordes impose son talent et sa personnalité. Enfin, Stratovarius, sous son impulsion, nous offre enfin un album sur lequel chaque titre mérite le détour, preuve que l’inspiration est enfin de retour. Le single "Darkest Hours" se positionne dans la veine des "Hunting High & Low" et autres "Eagleheart", et la suite alterne les speederies de haute-volée ("Event Horizon" époustouflant de technique et de vitesse) et les titres plus heavy mais gorgé de feeling ("Fairness Justified" mené par le chant magistrale de Kotipelto).
Mais Stratovarius, s’il réussit à retrouver tous les éléments qui faisaient sa force, ouvre également de nouvelles voies à sa musique sous l’impulsion de ses nouveaux membres. Ainsi, Lauri Porra offre un "Lifetime In A Moment" lourd, envoutant et au refrain obsédant, porté par une basse énorme. De son côté, Kupiainen apporte de nombreux éléments permettant au combo d’évoluer vers de nouveaux territoires, comme les sonorités orientales de "Under Flaming Skies" ou l’intro monumentale de "Infernal Maze". Pourtant, malgré toutes leurs qualités, aucun de ces titres ne nous préparait au sommet final atteint sur le fabuleux titre éponyme. Majestueuse pièce de plus de 18 minutes (elle en faisait plus de 30 avant l’entrée du groupe en studio), "Elysium" dépose littéralement les précédents essais du groupe dans ce domaine. Les "Destiny" et autres, malgré leurs qualités, n’ont jamais proposé une telle maîtrise de l’art du progressif. Changements d’ambiance, thèmes récurrents, technique hors-norme, passages instrumentaux hypnotisant, tous les éléments sont réunis pour nous emmener dans un voyage au travers des plus hautes sphères musicales.
Voici donc un impressionnant retour au premier plan pour un groupe que nous pensions condamné. En réussissant l’intégration de ses nouveaux arrivants et en leur permettant d’insuffler leur fraîcheur, Stratovarius renaît de ses cendres et nous laisse espérer des lendemains radieux. En attendant, jetez-vous sur ce "Elysium" qui a de fortes chances de s’imposer comme un des albums incontournables de l’année 2011.