Il n’aura fallu à Evergrey qu’une petite année pour sortir après "Recreation Day" son nouvel album, "The Inner Circle". Après avoir choisi des couleurs globalement sombres pour présenter leurs œuvres dans lesquelles la gaieté était loin d’être l’élément prédominant, la pochette de celle-ci peut surprendre par son esthétique à la blancheur immaculée. Leurre ou réelle volonté de changer de registre ?
"On prend les mêmes et on recommence" semble avoir été la réflexion majeure d’Evergrey qui nous propose une nouvelle fois un métal progressif bien lourd, nerveux et toujours aussi sombre. Sans être un retour aux sources, le style de cet album se veut plus tourné vers "In Search Of Truth" que "Recreation Day". Le titre contenant le discours de l'orateur en est l'exemple le plus frappant.
On retrouve toujours ces claviers en retrait aussi discrets qu’indispensables en paradoxe avec les riffs très âpres et la voix rauque toujours aussi idéalement placée. Une fois de plus l'utilisation de la double pédale est intense mais elle sait s’arrêter pour laisser s’exprimer les chœurs féminins et masculins, les soli et, un nouvel instrument qui faisait jusqu’à maintenant défaut chez Evergrey, les violons. Ces derniers ne se contentent pas de faire de la figuration et apportent un plus indéniable à des compositions déjà bien expressives. Un ou deux titres rapides sont toujours très opportunément suivis par une piste douce permettant d’apprécier le feeling de ce groupe qui semble dominer tous les exercices de style.
"The Inner Circle" est encore un sans-faute. Il mériterait la note la plus élevée si l’effet de surprise n’était pas un peu émoussé par deux précédents albums dans la même veine. Si Evergrey ne nous étonne plus par sa maîtrise il peut encore le faire par sa constance.