Dépité... c’est le premier mot qui vient à l’esprit après l’écoute de “Mental Hygiene”. Il y a deux ans, le groupe américain Slychosis nous avait gratifié d’un “Slychedelia” aux franges du psychédélisme, varié, stimulant et surprenant. Ici, il semble qu’une bonne partie de ce qui avait fait le charme de “Slychdelia” se soit évanoui.
Et pourtant, “Mental Hygiene” commence bien là où “Slychedelia” nous avait laissé, avec, dans l’intro à grands renforts de synthés de ‘Geisly Suite’, cette ambiance néo-prog sous tension alimentée de sons psychédéliques, pas mal d’inventions et une belle profondeur. Mais très rapidement, l’orientation change, avec la mise en place d’une rythmique metal assez convenue qui brouille les repères. Ce renforcement de la rythmique (guitare principalement), tout au long de l’album, ne va malheureusement pas dans le sens de la sophistication et de l’amélioration mélodique, mais installe au contraire une ambiance pesante peut-être assez en rapport avec le titre de l’album, mais nettement moins plaisante pour les oreilles. Deuxième constat, le côté vocal, qui n’était pourtant pas le point fort du groupe, s’est considérablement développé. Et si les chanteuses s’en sortent plutôt honorablement (un petit côté Tina Turner dans le très pop ‘Midnight’), ce sont les lignes de chant qui sont souvent peu mélodiques, donnant des passages à la limite de la laideur comme sur ‘Geistly Suite’ (mention spéciale au passage vers 6’30), ‘Importance’ ou sur certaines parties de ‘Angelus Novusaum’.
Les parties instrumentales sont mieux organisées, notamment avec ‘Odessa’, un morceau varié et permettant pas mal de changements à la guitare, du slide au shred. Mais la batterie est désespérément mécanique, parfois en léger décalage avec la guitare (‘Things Unsai’) et ne vient malheureusement pas enrichir un jeu qui doit probablement à la production de rester globalement assez plat (un désir de maintenir une ambiance inquiétante ?). Dans ce contexte, certains choix de sonorités instrumentales peuvent paraître très datés : le wah-wah de ‘Fallen Tiger’ ou la trompette d’ ‘Angelus Novusaum’ sont assez éloquents en la matière.
Au final, l’auditeur est bien loin de retrouver la variété stimulante de l’opus précédent qui avait su rester beaucoup plus mélodique et attachant. Restent ici quelques bribes de l’éclectisme dont Slychosis sait faire preuve, glissant du new-age (‘Angelus Novusaum’) aux touches émersonniennes (l’intro d’ ‘Importance’, le solo de ‘Midnight’) ou au psychédélisme planant de ‘When The Fog Clears’. Là où l’album précédent oscillait avec réussite entre psychédélisme et néo-prog, celui-ci hésite entre pop et prog métalloïde robotisé beaucoup moins intéressant... Dommage !