Après un premier album sorti en 2007 ("Reborn From Chaos"), Hord nous revient et confirme -s’il le fallait encore- la bonne santé et la richesse de la scène métallique française qui se dote avec le combo montpelliérain d’un fer de lance haut en couleur dans le registre mélodeath moderne. "The Waste Land" s’avère être un album concept librement inspiré de l’œuvre de T.S. Eliot nous décrivant un monde post-apocalyptique. Une vision sombre et froide de notre avenir qui colle parfaitement au genre mélodeath moderne voire cyber que nous propose Hord.
Si l’intro "The Waste Land (Part I)" -posant les jalons d’un univers désolé- laisse imaginer un nouveau combo suivant les pas couronnés de succès du post-core d’Hacride, la suite est d’un autre calibre. A commencer par son successeur "Unreal City" véritable déchaînement destructeur que perpétue violemment le titanesque "Subdued Voices". D’une façon générale, la formation nous entraîne dans les vallées dévastées d’un metal à la croisé des chemins entre mélodeath moderne à la façon d’un Scarve, mathcore et ce que cela comporte de polyrythmies étourdissantes et enfin, parties atmosphériques dignes d’un Devin Townsend (comme le final de "The Watcher")… Et le meilleur dans tout ça, c’est que Hord a su parfaitement ingérer, digérer et assimiler ces différentes influences pour les retranscrire avec un brio rare dans le cadre d’un album à l’identité bien affirmée.
La petite touche d’indus débutant "Epidemic" et en filigrane de tout le titre, rappelle d’où vient le combo et perpétue l’aspect glacial de ce monde sans âme. Le titre se poursuit les ruines d’un mélodeath moderne dans lequel le chant polymorphe entre chant HxC et clair mélodique de Jonathan Devaux respectivement déchire et éclaire la vision post-apocalyptique du héros. Une prestation très proche d’un Eric Kalsbeek (ex-Textures) voire Guillaume Bideau ("Through The Ashes")
Le parallèle avec Textures prend toute sa valeur au contact des polyrythmies étourdissantes de « A Heap Of Broken Images » et se décline sur le mode hypnotique sur le final grandiloquent du sublime "The Grand Expedition Epilogue". Mais la comparaison avec Textures se pose-t-elle vraiment finalement quand on sait que c’est notre ami Jochem Jacobs plus connu pour ses faits d’arme de guitariste chez Textures qui assure la production léchée de cet opus. Enfin, que dire de l’apothéose apocalyptique "The Waste Land (Part II)" qui clôture cette étouffante immersion ? Comme son prédécesseur, ce titre hallucinant aux allures progressives reprend en son sein tous les éléments susmentionnés au gré d’incessants breaks se dotant de riffs polyrythmiques omniprésents qui accentuent l’impression d’oppression qui hante cet opus.
Si bien qu’au final, si ils nous avaient épargné le dispensable "The Burial Of The Dead", Hord nous aurait à coup sûr proposé l’album parfait. Pour une prochaine fois ? En attendant, "The Waste Land" entre dans le cercle restreint des indispensables 2010 en termes de metal extrême.