Trois ans après "Hunting High And Low" et deux après le somptueux "Scoundrel Days", les maîtres de la synthpop eighties, nous avons nommé les Norvégiens de A-Ha, proposent leur troisième opus ; et à ce rythme, difficile de maintenir la cadence qualitative. Cette fois, la recette avoue quelques limites, tout en permettant la confection d’une galette fort alléchante dans son ensemble. Le plat est bien présenté, avec son titre éponyme en élan romantique enjôleur, même si le fumet n’est plus ce qu’il a été.
En fait, la production hésite à définir son choix et alternera, tout au long du programme, ambiances popy (et parfois un brin trop sucrées) et inspirations New-Wave plus matures. Ainsi, "The Blood That Moves The Body" ou "This Alone Is Love" nous ramènent dans les considérations épico-torturées de "Scoundrel Days", mêlant les tourments des vocalises aux envolées combatives de l’instrumentation. L’intégration des cordes symphoniques dans le premier est d’ailleurs réalisée avec beaucoup de justesse et de savoir-faire. "There’s Never A Forever Thing" est un petit bijou de planante mélancolie, et les accents de "Out Of Blue Comes Green", soulignés par le chant d’un hautbois merveilleusement rêveur, ne sont pas sans rappeler la verve onirique de "Living A Boy’s Adventure Tale", sur le premier album. Cette 8ème plage est certainement l’une des plus poignantes du menu. De son côté, malgré son vocable, "Hurry Home" traîne un peu en longueur et change de tonalité émotionnelle sans préavis et sans raison valable ; dommage, car ce morceau aurait pu se révéler beaucoup plus consistant.
Quant au reste, on pourra toujours y trouver son compte si on est adepte des mélodies et rythmiques évidentes de la Pop FM, de l’insouciant "Touchy!" au convenu (mais pas déplaisant) "You Are The One", dont paroles et vocalises sont plus amoureuses que jamais, en passant par le cinéphile "Living Daylights", qui lui n’a pas vendu son âme à la plus prestigieuse production filmographique de tous les temps, il faut bien le reconnaître.
Bref, nos Norvégiens ne renient pas vraiment leurs premiers amours, mais sans que l’exclusivité de leur dévotion initiale y reste attachée. Une musique qui s’inscrit dans un registre pop/rock assez traditionnel, plutôt haut en gamme et faisant de "Stay On These Roads" un projet digne d’intérêt, tout en l’affichant peut-être comme l’un des albums les moins cohérents de la discographie.