Après un retour en demi-teinte balisé par deux albums au succès mitigé, la machine Eloy est de nouveau en marche et retrouve son rythme de croisière marqué par la sortie de "The Tides Return Forever", deux ans après le rugueux "Destination", et voit la réintégration définitive au sein du groupe du prodige de la basse, Klaus Peter Matziol.
Dès les premières notes de "The Day of Crimson Skies", l'auditeur au fait des aventures du groupe allemand se rend très vite compte qu'après les atermoiements de "Ra" et "Destination", la bande à Bornemann revient au meilleur de sa forme, avec un retour aux basiques qui ont fait sa réputation et son originalité dans les années 70 : gros sons de claviers cosmo-planants, guitare dynamique mais aux aspérités limées, basse ronflante et compositions longues tenant la route. "Silent Cries …" et autres "Time to Turn" ne sont pas loin, la touche de modernité en plus, "Fatal Illusions" et ses 9 minutes en étant un parfait exemple.
Comme à son habitude, Eloy alterne plages alertes et titres plus calmes, pour ne pas dire plus conventionnels, tel "Childhood Memories", petite ballade permettant de reprendre quelque peu son souffle, avant de balancer un morceau titre formidable, magnifié par les fulgurances vocales de Jocelyn B. Smith qui n'est pas loin de fissurer les carreaux du studio ! C'est grandiloquent, pompeux à souhait, mais complètement dans le style Eloy, celui que l'on aime !
Et puis, comment passer sous silence le final de cet album, nouvel hommage à Jeanne d'Arc après la première partie gravée sur "Destination" : "Company of Angels" est le genre de titres impossibles à oublier, le genre de titres épics formidables, de ceux qui vous transportent sur une autre planète où la touche replay s'avère la seule alternative une fois la plage terminée. Thèmes multiples, chœurs grandiloquents, arrangements puissants alternant avec des parties acoustiques judicieuses, tout est ici réuni pour un final grandiose donnant une autre dimension à un album déjà bien réussi.
Ne tournons pas autour du pot : en 1994, Eloy revient au premier plan artistique avec cet album, posant une nouvelle balise incontournable dans sa déjà très riche discographie. Belle performance après 25 années de carrière ! Ne passez pas à côté de "The Tides Return Forever" : ce serait une faute de goût impardonnable !