La musique est un formidable vecteur de rencontres. En effet, The Gray Lions est né lorsque le producteur, compositeur et musicien Mark Hudson a croisé la route du guitariste Marc Rubinstein, retiré des affaires depuis de nombreuses années. Il aura fallu un événement du type "Rock’N’Roll Fantasy Camp", un show télévisé américain où tout un chacun peut croiser le fer avec des pointures du Rock, pour que ces deux personnages au look bien différent décident d’unir leur talent respectif pour mettre en boîte "Run Wild".
Après avoir déniché une section rythmique digne de ce nom, The Gray Lions marque de son sceau douze compositions fortes en identité. Si le Rock demeure le terrain de chasse idéal de ce groupe à la moyenne d’âge plutôt élevée, il démontre d’une manière très persuasive à quel point connivence peut rimer avec expérience. L’ambiance générale est bien électrique, à l’image de la guitare fiévreuse de Marc Rubinstein dont le sens du riff et le poids des soli constituent un atout considérable en matière de Rock bien balancé.
Mais là où The Gray Lions se distingue tout particulièrement, c’est sur cette faculté à mettre en évidence des harmonies vocales et surtout des chœurs féminins qui émaillent chacun des morceaux gravés sur "Run Wild". Cette alternative entre la chaleur et le groove émanant du jeu de Marc Rubinstein, sans oublier bien sûr les interventions lumineuses aux claviers de Mark Hudson, renforce cet aspect très seventies qui plane de manière prédominante sur cet album.
Ce qui n’empêche pas The Gray Lions de coiffer le haut du panier en matière de "Classic Rock" à la sauce américaine. Cette impression ne faiblit pas d’un bout à l’autre de "Run Wild", grâce notamment à un sens de l’interprétation très spontané. Le Blues, la Country Music, le bon gros Rock façonné à la manière de B.T.O. (la chemise à carreaux est de rigueur) constituent l’essentiel du répertoire de The Gray Lions. Cette forme de diversité fait d’ailleurs toute la richesse de ce premier album qui aurait sans aucun doute connu un gros succès s’il était sorti au milieux des années soixante dix…
Fort heureusement, le tandem Hudson / Rubinstein ne se repose pas que sur la nostalgie, sauf bien entendu pour mettre en évidence des influences notables afin de réaliser un excellent album de Rock. Au bout du compte, "Run Wild" dispose de suffisamment de caractère pour également marquer son époque, comme si le temps n’avait finalement que peu d’emprise sur ce genre de production "Made In U.S.A".