“Toujours et partout au-delà du rêve” : jolie définition du rock progressif, non ? Avec ce second album, les Italiens de Pandora réaffirment haut et fort leur attachement au prog’ des années 70 : Genesis, ELP, ou encore PFM font partie des références proclamées. La formation du quatuor est assez atypique car Pandora, c’est avant tout une affaire de famille, la symbiose transgénérationnelle entre un père - claviériste - et son fils - batteur, guitariste, flûtiste et bassiste ; le troisième pilier du groupe officie également aux claviers et assure le chant et pour compléter le quatuor, le guitariste Christian Dimasi officie sur ce “Sempre et Ovunque Oltre Il Sogno” (mais a quitté le line-up juste après la parution de cet album).
La musique proposée par Pandora est une sorte de retour archétypal pour amateurs de progressif “originel”... Un retour pas si régressif que cela à l’époque où les compositeurs s’affranchissaient des frontières de la pop et partaient tous azimuts, parfois au risque de s’égarer dans des nébulosités indécises. Pandora fait preuve de la même insouciance exubérante : ouverture symphonique ('Il Re Degli Scemi'), passages fusion ('L’Altare Del Sacrificio'), utilisation d’un mellotron crimsonien en diable ('Discesa Attraverso lo Stige'), epic de 23 minutes ('Sempre et Ovunque', foisonnant et paradoxalement assez décousu mais avec un sens aigü des transitions), le tout avec des clins d’œil appuyés aux 70’s : “Shine on You Crazy Diamond” dans 'Ade, Senzasione Di Paura' et 'Cinema Show' dans '03.02.1974'.
Petit arrangement avec les 70’s, Pandora a ici dopé la rythmique de façon plus moderne - Claudio Colombo est un fan de Dream Theater. Pour autant, c’est nettement la coloration prog italien 70’s qui domine avec des guitares loin de l’agressivité du pur metal. La batterie reste légère mais a une petite tendance à l’envahissement, comblant le moindre espace mort à grands renforts de descentes de toms - belle technique, mais un peu superflue ('L’Altare del Sacrificio, 03.02.1974'). Le point plus critiquable est surtout le chant, heureusement assez peu utilisé. Christian Dimasi a en effet une voix trop ordinaire et manque un peu de souffle par rapport à l’exubérance ambiante. Les instrumentaux restent donc le point fort du disque, à l’image de l’excellent 'Ade, Senzasione di Paura', haletant, bien équilibré et plein de changements d’ambiance, un peu à la façon d’un “Dust and Dreams” de Camel ...
Le moins que l’on puisse dire, c’est que “Sempre e Ovunque Oltre il Sogno” n’est pas un album tiède : indiscipliné, partant dans tous les sens, il a les défauts de ses qualités et va forcément être comparé à d’autres Italiens comme La Maschera Di Cera, dont les dernières productions apparaissent plus matures et plus porteuses d’émotions. Pour autant, il serait dommage de ne pas prêter une certaine attention à “Sempre Ovunque ...”, dont la vitalité musicale est évidente.