La scène suédoise du Hard Rock vient d'accoucher d'un bébé de trente printemps ! Voilà un titre de une qui aurait, sans aucun doute, pu produire une certaine accroche si le journal Détective, réputé pour ses en-têtes de page sordides et saugrenus, s'intéressait à notre musique chérie. Car en effet, comment, à l'écoute de "Waiting For Tomorrow", premier album de Dirty Passion, ne pourrions-nous pas nous laisser abuser par la date de naissance du produit et reconnaître, dépités, que notre culture du Hard Rock des 80's n'était pas aussi exhaustive que nous l'estimions tant cet opus présente, et ce de manière extrêmement marquée, les stigmates de l'époque.
Mais que les experts es Métal des 80's se rassurent, ils peuvent retrouver de leur superbe. Contrairement à ce que l'évidence voudrait leur faire croire, "Waiting For Tomorrow" vit bel et bien le jour le jour en 2010. Le piège avait cependant toutes les chances de fonctionner et ce pour plusieurs raisons. Les plus notables feront assurément plaisir aux amateurs du champ vocal de Joey Tempest (Europe) à ses débuts et aux nostalgiques (s'il en reste !) des enregistrements analogiques. Les similitudes avec les premiers pas des parents du "Final Countdown" sont légion. Pour preuve, hormis la voix du chanteur, ses intonations et ses tics vocaux (ah les wow how hou how how yeah de "Rockin' In The Night" !), Dirty Passion a également opté pour le couple rythme/ambiance de leurs titres et les mélodies de leurs premiers essais musicaux.
Proposer en 2010 du Europe des 80's, c'est déjà prêter le flan aux critiques, le plagiat nostalgique n'a pas bonne presse, mais sortir de nos jours un album avec un son du genre de celui que vous pourriez obtenir avec un magnétophone empoussiéré dans un garage en bois, là, c'est carrément chercher la bagarre. La production ici n'offre aucune dynamique, ce qui défavorise d'abord le bassiste qui attrape des ampoules pour des prunes car on ne l'entend pas, mais surtout le pauvre batteur qui devrait faire de la pub pour Bonux tant les coups portés sur sa grosse caisse sonnent comme des martèlements de barils de lessive ! Ne vous esclaffez pas de trop, gardez-en un peu sous les zygomatiques et écoutez les sons de cloches dans "A Trip To Paradise", c'est carrément désopilant.
Voilà donc une chronique bien mal embarquée qui risque fort de se voir associée à une note catastrophique allez-vous penser. Que nenni, enfin, point tout à fait. En effet, cet opus offre tout de même quelques satisfactions. Celle de surfer sur un flash-back nous ramenant à l'époque du "Wings Of Tomorrow" d'Europe ou de l'"Animal Grace" d'April Wine, voire du "Tooth And Nail" de Dokken, peut en être une, mais elle n'est pas orpheline. Au rayon des points positifs, il est juste de noter la présence d'un guitariste qui sort, parfois, quelques soli bien sentis comme celui d'"A Trip To Paradise" et quelques riffs joliment envoyés comme ceux d' "1 000 000 Voices" (vidéo ci-dessous) mais également, tout de même, quelques titres mélodiquement emballant comme "Different Tomorrow", "A Trip To Paradise" et "Self-Destructive".
Dirty Passion n'a donc pas réussi son coup avec cette première tentative qui, malheureusement, risque fort de passer complètement inaperçue dans le flot de productions de Hard Mélodique qui nous submerge depuis une paire d'années. Le genre a retrouvé une seconde jeunesse, certes, mais ce n'est pas une raison pour ressortir les vieux pots, dans lesquels il n'est pas, à tous coups, assuré de concocter une bonne soupe.