Si la Suisse sait séduire bon nombre d’amateurs de Hard Rock, notamment grâce à des groupes très connus comme Krokus ou Gotthard, elle n’en demeure pas moins un pays très intéressant en matière de découvertes métalliques. Des formations comme Pure Inc. et Sidburn, bien que très éloignées musicalement, sonnent quand même de manière bien plus attirante que le traditionnel coucou sortant de sa boîte toutes les heures.
Ceci pour dire que ce premier album de Hotroad, "Insanity", vient se greffer dans un genre qui a connu son essor vers le début des années quatre-vingt au bord des côtes californiennes, plus précisément de la Bay Area. Il ne faut surtout pas se fier à la consonance du nom de ce quatuor, qui incite volontiers au bon gros Hard pour bikers. Hotroad a choisi une autre direction, celle du Thrash Metal modelé à l’ancienne.
En un peu plus d’une demi-heure pour couvrir sept morceaux, les Suisses ne cachent pas leur admiration envers Metallica et plus particulièrement la période où le regretté Cliff Burton officiait au poste de bassiste. La meilleure diront certains, mais surtout celle qui a mis les Californiens en orbite autour du Thrash. Hotroad reprend les choses en mains avec les moyens du bord, à commencer par une production tout à fait correcte qui n’est pas toujours à l’avantage du style pratiqué ici. Les guitares sont synchrones et hargneuses, les riffs saccadés au médiator tapent immédiatement l’incruste dans les neurones sous la haute bienveillance d’un tandem rythmique ultra efficace. A ce titre, les lignes de basse évoquent celles de Cliff Burton aussi bien sur les sonorités que dans le phrasé.
En fait, c’est un peu comme une fusion entre "Ride The Lightning" et "Master Of Puppets" prouvée noir sur blanc lorsque retenti le morceau instrumental qui clôture "Insanity". D’ailleurs, chaque plage dispose à sa manière de longs intermèdes sans vocaux, laissant le soliste envoyé des descentes de manche certes rapides mais remplies de singulières qualités musicales. La filiation avec la bande à Hetfield est flagrante mais jamais gênante. Hotroad affiche suffisamment de passion et d’honnêteté envers ce qu’il sait faire. Ces jeunes musiciens sont à fond dans leur univers, celui qui rappelle une cave improvisée en local de répétition avec comme seul moyen de sonorisation des vieilles boîtes d’œufs collées aux mûrs.
Voilà de quoi surprendre ou même faire sourire ceux qui n’ont pas vécu cette époque pourtant pas si lointaine. Mais Hotroad a encore une conséquente marge de progression. En travaillant un peu plus sur la puissance et la modalité des vocaux, ce groupe ne peut qu’augmenter son potentiel. "Insanity" mérite vraiment que l’on s’y attarde, d’autant plus que le groupe a besoin de soutien pour assurer ses tournées. Sans être un réel coup de cœur, ce premier album met tout de même un bon coup de pied au cul.