Les années 90 auront été très bien remplies pour Grave Digger. Le groupe allemand en 5 albums s'est hissé très haut dans la hiérarchie du heavy métal mélodique et est à présent très attendu à chaque nouvelle sortie.
Malgré ce succès il va néanmoins rencontrer une grave crise interne, suite à des différents musicaux et humains, Uwe Lulis et Chris Boltendahl vont se déchirer, le guitariste quittant le groupe en essayant de récupérer le nom de Grave Digger. Suite à l'échec de cette tentative Boltendahl va reprendre en main le groupe intégrant à la guitare Manni Schmidt ancien de Rage et changeant de label, passant chez le géant Nuclear Blast, garant d'une meilleure promotion.
Reprise en main est bien le terme, ce 10ème album est éponyme, "The Grave Digger", comme pour bien montrer que notre homme peux faire de bons disques sans Lulis à ses côtés. Ce nouvel opus met de côté les aventures historiques et épiques pour revenir à un son plus typiquement heavy métal classique dans l'esprit d'un "Heart Of Darkness" avec un aspect sombre mis en avant. Et bien aidé par un Schmidt très à l'aise dans le style heavy agressif, Chris réussit pleinement son pari, et finalement le voir se renouveler en évitant de tomber dans le piège de la redite historique est une excellente chose.
De plus il ne perd pas l'habitude de paroles inspirées avec cette fois pas mal de titres repris des nouvelles d'Edgar Allan Poe. Le tout nous donne donc un excellent disque de heavy brut de décoffrage, très cohérent et homogène et sans temps mort ni faiblesse.
Ainsi le groupe ne fait de détails et fait dans l'efficacité, le tout est speed avec des refrains faciles à retenir et des riffs de bûcherons. Et des titres comme "Son Of Evil", "Raven", "Spirits Of The Dead" ou "King Pest" et "Haunted Palace" sont des purs titres de heavy à l'allemande montrant un savoir faire redoutable. Dans cette optique, l'arrivée de Schmidt est parfaite tant ce dernier est bon dans le genre. Et il y a aussi des tubes au programme comme "The Grave Digger" et "Sacred Fire" avec un ton bien lourd et des refrains aux allures d'hymnes en puissance pour la scène.
Et enfin malgré tout Grave Digger a quand même composé "The House", titre épique en diable avec pas mal de chant clair et une belle ambiance sombre, prouvant que même sans Lulis le groupe pouvait encore proposer des titres recherchés sans pour autant se caricaturer.
"The Grave Digger" est donc une excellente surprise prouvant que le combo pouvait survivre au départ d'Uwe Lulis. Il retrouve de plus ses racines sans perdre de sa fougue ni de sa capacité à composer des grands titres. Bien sûr le ton épique et historique manque un peu, mais Grave Digger a su avancer et si le groupe garde un tel niveau cela sera rapidement oublié.