Perché tout en haut d’un monde spirituel emprunté aux croyances balinaises et d’où leur nom de scène est tiré, Ongkara n’en est pas moins la réunion de quatre musiciens russes originaires de St Petersbourg. Deux mondes que tout pourrait opposer mais qui se sont accouplés bien volontiers afin de donner naissance à ce premier rejeton musical, métissage d’ambiances atmosphériques, structures progressives mais dans des formats intimistes.
Car le principal attrait de cette formation, c’est d’avoir troqué des sonorités électriques par une musique plus organique et notamment d’avoir choisi une guitare sèche comme véritable chef d’orchestre. Sous ce décorum quasi-acoustique, émaillé de temps à autre de quelques apparitions spectrales de claviers ou de petites notes de divers instruments, flottent des mélodies plutôt aériennes, mystérieuses voire nerveuses ("FAngel", "Monstriparity") que l'on pourrait croire extraites d’un concert « unplugged » de Tool ou A Perfect Circle. Artem Kochurov, gourou de la formation, prêche d’ailleurs sa bonne parole sous des traits vocaux proches de Maynard James Keenan ou de Nicolas Chapel de Demians.
Le dessein de ces quatre starets de créer (on prend son souffle) « une musique qui provient des idées expérimentées en observant les instants de vie dans leur connexion avec le cosmos et l’univers » reste d’ailleurs plutôt vain car leurs compositions, si elles ne sont quand même pas minimalistes, sont en revanche loin d’être pompeuses ou solennelles. A vrai dire, les seules suggestions relatives au spiritualisme semblent venir de délicates crépitations de pipa (ou quelque chose dans le genre) sur "China"… Mais surtout, l’état de transe dans lequel sont plongés nos fraters est loin d’être contagieux et le chapelet d’incantations passe plutôt dans les oreilles comme de l’eau bénite sur un non-croyant.
Ongkara a dessiné là les contours légers d’une œuvre « gentille » qui risque de ne pas avoir la portée de ses ambitions. Dommage car on sent un vrai potentiel…