Lorsqu’un membre récent du staff, à la langue bien pendue et à la plume volubile, souleva le débat sur la possibilité de revenir sur certaines notes données à des chroniques, le premier exemple qui vint à l’esprit de votre serviteur fût celui de "Good To Be Bad". En effet, peut-être avions-nous été un peu trop dur avec le précédent opus de Whitesnake qui revenait finalement de manière régulière sur notre platine malgré une chronique plus que réservée. Quand la nouvelle offrande du sieur Coverdale et de son nouvel acolyte, Doug Aldrich, se présenta, il était hors de question de se laisser aller à un jugement trop hâtif. Bien nous en a pris, car comme son prédécesseur, "Forevermore" ne fait pas partie de ces albums vite appréciés, mais vite oubliés.
La nouvelle paire aux commandes du serpent blanc est toujours accompagnée de Reb Beach (guitare) et Timothy Drury (claviers), mais a changé de section rythmique en accueillant le bassiste Michael Devin (Lynch Mob) et le batteur Brian Tichy (Ozzy Osbourne, Billy Idol, Foreigner). Pour ce qui est des compositions, nous avons à nouveau droit à des titres réussissant à mêler les 2 périodes du gang de Coverdale, à savoir les débuts bluesy ("I Need You (Shine A Light)"), voire rock’n’roll ("Dogs In The Street"), et la période plus commerciale de la fin des années 80, avec le single "Love Will Set You Free" au refrain imparable, ou la ballade mid-tempo classique mais toujours aussi efficace "Easier Said Than Done". Les racines blues transpirent cependant de la grande majorité des titres, qu’elles soient déclinées de façon puissante et dynamique ("All Out Of Luck") ou plus heavy ("Whipping Boy Blues"), Coverdale n’oubliant pas son affection pour Led Zeppelin au passage ( le rock’n’roll "My Evil Ways" ou plus encore le monumental titre éponyme variant les ambiances sur plus de 7 minutes).
Enfin, si les ballades ne sont pas oubliées, elles ne tombent jamais dans le sirupeux, longeant plutôt des chemins semi-acoustiques qui permettent de constater le retour en forme d’un David Coverdale qui nous avait inquiété sur "Good To Be Bad". Renforcé par une production soignée et l’interprétation sans faille de ses camarades de jeux, le tombeur de ces dames est tout simplement impérial tout au long des 13 titres qui garnissent copieusement ce "Forevermore" sans temps mort, même si une légère baisse de régime reste à déplorer en milieu d’album.
Nos inquiétudes quant à l’avenir de Whitesnake et de son charismatique leader sont donc effacées d’un revers de main à l’occasion de ce nouvel opus qui vient nous rappeler qu’il va falloir continuer à compter avec ce combo légendaire. Les doutes du retour aux affaires semblent désormais bien loin et l’avenir nous promet encore quelques grands moments.