Fort d’un premier album très réussi et d’une approche de la musique originale les new-yorkais de Jolly ont vu leur destin prendre une nouvelle tournure. Le deuxième album du groupe, Audio Guide to Happiness, fait désormais partie du catalogue d’Inside Out, et il est la première partie d’un concept qui verra un Audio Guide To Happiness Part II voir le jour très prochainement.
Avec leur premier album, Forty Six Minutes, Twelve Seconds Of Music, les Américains avaient impressionné par leur belle propension à affirmer leur propre style en se nourrissant d’influences prestigieuses comme Porcupine Tree. Une dimension en plus venait rendre l’album encore plus intriguant. Jolly axait une partie de sa communication sur le fait que l’album émettait des ondes binaurales, vecteur de bonheur et de tranquillité intérieure.
Au vu du titre de ce nouvel album, on note que le groupe n’a pas abandonné cette idée. Bien au contraire, Jolly enfonce le clou avec un album divisé en deux phases qui sont autant d’étapes vers un cheminement hédoniste. L’originalité du livret tient dans le fait qu’il contient déjà les paroles d’Audio Guide To Happiness Part II et que les quatre phases enfin réunies seront l’occasion d’une thérapie à suivre, d’un accomplissement. Cette approche matérialiste qui vient s’inscrire dans la théorie sensualiste est très intéressante et assez rare de la part de musicien pour être saluée mais qu’en est-il de la musique de Jolly ?
Audio Guide To Happiness recense encore une fois de la puissance et de l’atmosphérique. Au sein d’un même morceau peuvent cohabiter une certaine allégresse (mais toujours teintée de noirceur) avec des mélodies et des refrains presque pop et des parties instrumentales courtes mais d’une puissance dévastatrice. On reconnaîtra dans "Pretty Darlin’" et "Where everything’s Perfect" des colorations de Demians ou Riverside et dans le rapide "The Pattern" un Muse au maximum de sa puissance.
Aucun morceau ne semble sortir du lot et bien que différentes atmosphères soient proposées dans ce disque, il reste très compact et d’une grande cohérence. Les harmonies d’un Porcupine Tree ("Ends Where It Starts") côtoient la légèreté de mid-tempo aux allures de ballades ("Storytime" et "Radiae") et d’un mélange atmosphérique-electro très moderne ("Still A Dream").
Même s’il faut attendre la deuxième partie de ce concept pour se faire une idée entière sur ce travail, on peut déjà dire que Jolly a peu fait évoluer sa musique et que le groupe reste dans le sillon déjà creusé avec 46 :12. La qualité est clairement là mais l’effet de surprise tend à disparaître. Il faut ajouter que la formation possède une vraie signature artistique et que les compositions s’en ressentent.
Audio Guide To Happiness n’est ni une déception ni une réjouissance totale mais plutôt la belle confirmation d’un talent. Et ils n’avaient pas besoin de tout cet attirail acoustico-physiologico-hédoniste pour propager du plaisir, leur musique suffit amplement.