Étiqueté comme un groupe teuton, Tangent Plane est en réalité à cheval sur trois pays, Allemagne, Grèce et Italie. Emmené par Ralph Swan Krieger, claviériste à l'origine du projet, il pratique un power progressif typique du coin, à ceci près qu'il est ici exécrable. Le genre n'est pas en cause, toutefois, ni la nationalité des intervenants d'ailleurs : la responsabilité de cet échec artistique navrant n'appartient qu'aux musiciens eux-mêmes.
Aberrante, l'inaptitude du "chanteur" à faire son travail : jamais en rythme, souvent à côté de la note aussi, l'écouter est un supplice. De nombreux effets grandiloquents tentent, en vain, de le sauver du naufrage pur et simple, et ne font pour la plupart que rendre sa performance encore plus ridicule. On a réellement l'impression d'entendre un amateur de karaoké, voire l'une de ces aspirantes Nouvelles Stars refoulées qui font les beaux jours des bêtisiers...
Les plus optimistes auront peut-être déjà pensé à un point positif permettant d'équilibrer quelque peu la balance : la prestation des instrumentistes. Inutile de vous laisser dans le doute plus longtemps, elle est ignoble. Complètement à la ramasse dès que le tempo augmente, les musiciens semblent incapables de s'entendre les uns les autres. Le résultat est à la limite de la cacophonie, pour ne pas dire de la parodie. Pénible est un mot qui vient aussi de façon récurrente à l'esprit au fil des morceaux. Pompeux et dénués de tout sens épique, ces derniers sont en outre redondants à l'extrême, pauvres sur le plan technique (a-t-on déjà entendu plus mauvais batteur dans un groupe du genre ?) et sclérosés par une production absolument abominable. Le son des claviers a de quoi faire fuir un fan du fond de catalogue de Lion Music, et certains patchs employés par Ralph Krieger sont périmés depuis plus de 20 ans. Calamiteux ! Le chant n'est pas épargné non plus, et c'est bien dommage : il aurait fallu l'enterrer au fond du mix au lieu de le mettre à ce point en avant.
Cet acharnement envers un groupe qui, après tout, ne fait qu'exprimer sa passion pour la musique, peut sembler injuste. Il l'est peut-être, mais il est extrêmement ardu de relever quoi que ce soit de positif dans cet album. Les musiciens se veulent techniques, mais ne le sont pas ; les structures se veulent complexes, et ne sont qu'incohérentes. Cette avalanche d'harmonies rompues et de pains à tous les étages (une vraie boulangerie) sera une torture insupportable pour beaucoup.
En dépit d'un constat aussi accablant, on note ça et là quelques parties acceptables (dans "Borrow Me Your Dullness" ou encore "Project Elimi", titre éponyme de 22 minutes d'une longueur désespérante). Banales mais noyées dans un océan de médiocrité, elles entretiennent brièvement l'espoir d'une rédemption pour Tangent Plane... Involontairement, le groupe parvient même à se montrer amusant, en ayant l'idée audacieuse d'intituler l'opener "One Month In Real-Time". Un mois en temps réel ? C'est effectivement la sensation que l'on a après avoir écouté l'album : une perte de temps absolue. Les collectionneurs exhaustifs trouveront peut-être leur bonheur, bien caché, au sein de ce disque navrant ; il est de mon devoir de recommander à tous les autres d'en rester aussi éloignés que possible.