La Suède est vraiment le pays du Hard Rock. Le nombre de groupes y ayant vu le jour est proprement époustouflant. Plus d'un millier, c'est vraisemblable, un million serait exagéré. Pourtant, M.ill.ion est bien une formation de l'Etat des comtés qui fête ici, avec la sortie de ce "Sane And Insanity" son septième effort, ses vingt ans de carrière.
Depuis "Thrill Of The Chase" sorti en 2008 et chroniqué en ces pages, les Scandinaves ont changé l'homme à la six cordes et le préposé aux claviers, ce qui n'a aucunement provoqué une révolution musicale chez M.ill.ion qui officie toujours dans la veine d'un Hard Rock Mélodique se donnant ponctuellement des allures de Métal Mélodique et se drapant occasionnellement dans des voilages plus FM. Les références, en terme de curseur-époque, se situent, là aussi, entre deux mondes, celui des 80's, on pense à Pretty Maids et à Treat et celui des 70's, on songe à Deep Purple et à Rainbow.
"Sane And Insanity" est de ce fait plutôt varié, tiraillé qu'il est entre toutes ces influences. Ainsi, vous baignerez dans l'Arena Rock, le Hard Rock fait pour les stades où le peuple des gradins et de la fosse reprend comme un seul homme des refrains fédérateurs, quand vous vous laisserez entraîner par "I Raise My Glass" (santé !) et laisserez parler votre côté plus AOR en vocalisant sur "Tomorrow Never Dies", attraperez un torticolis sur le pêchu et contagieux "Everyday Hero" (vidéo ci-dessous) qui fleure bon Deep Purple sur ses envolées d'Hammond bien vintage et laisserez vagabonder votre palpitant en enlaçant votre charmante le temps d'un "Fuel To My Heart" baladin au possible.
Vous pourrez également speeder quelques minutes avec la fusée "Drama Queens" pour revenir à Deep Purple avec le hit "Test of Time" qui fera, à n'en pas douter, tressauter votre petit corps d'athlète au gré de son rythme galvanisant en diable, rythme qui n'a pas grand-chose à envier à celui sillonnant "Hate" qui donne, quant à lui, sacrément la pêche. Vous n'avez plus, pour finir, qu'à vous rapprocher de Pretty Maids en fonçant sur "Seize The Day" où vous devriez vous retrouver en terrain connu et de Rainbow (période "Straith Between The Eyes") en vous ouvrant à "Hell's Gate".
Voilà donc un album hétéroclite mais doté de plusieurs fils rouges tout à fait louables, celui de la qualité mélodique, du bon son (la prod' est plutôt fameuse), de l'envie d'en découdre et de la volonté respectueuse de rendre hommage aux (grands) Anciens. Décidément, si la scène suédoise n'existait pas, il faudrait bien vite se dépêcher de l'inventer. Pour terminer sur une note culturelle, félicitons donc, en suédois, ces messieurs : bravo herrar !