Pavlov’s Dog ... ; peut-être LE groupe culte des années septante. Culte car il a disparu des platines aussi rapidement qu’il y était arrivé, après avoir proposé en seulement deux albums une musique poignante marquée par la voix unique de David Surkamp. Il nous revient maintenant, en tenant seulement compte des sorties officielles, après 35 ans d’absence. Cet espace entre deux productions musicales mérite bien un peu d’explication. 1974-1975, le prog rock, voire le pomp rock américain écrit ses premières lettres de noblesses. Entre Styx et Kansas, surgit alors ce fameux Pavlov’s Dog ! Le groupe est formé par un ancien batteur de Chuck Berry, mais ce sont surtout les caractéristiques vocales du chanteur qui vont faire l’identité du groupe. Voix haut perchée, entre une Patti Smith dérouillée et un Ian Gillan sous hélium. La musique est à tendance progressive, avec un Scorfina déchaîné à la guitare. Avec en plus un nom de groupe improbable, et une pochette originale ; tout est là pour marquer les esprits. L’album est d’ailleurs acclamé par la critique, mais ce sera un échec commercial.
Le deuxième opus sort rapidement en 1976 ; plus sage, il contient cependant quelques mélodies imparables. Mais faute de succès, Columbia ne sort pas le troisième album, qui témoignera plus tard d’un cruel manque d’inspiration. Ensuite, entre fausses sorties et vraies reformations, c’est la traversée du désert.
Un coup d’oeil à la composition actuelle du groupe permet de constater que, outre Surkamp, seuls Rayburn (mellotron, ...) et Safron (batterie) sont encore de la partie. Sara Surkamp qui accompagnait déjà son compagnon ces dernières années lors des concerts solo, est intégrée et lui donne le change, notamment sur l'agréable "I Don’t Do So Good Without You".
Ce n’est pas sans émotion que débute l’écoute de ce disque. Et soulagement, le premier titre répond à toutes les attentes. "Angeline" sans vouloir copier sa copine "Julia", est vraiment touchant. La voix de David n’a pas bougé, le violon est toujours là, même s’il est maintenant tenu par Abbie Hainz Steiling. Et le meilleur suit. Les premières notes de "Angels Twilight Jump" arracheraient ailleurs des larmes à un crocodile. Les guitares sont même insistantes, ce qui n’était pas le cas dans les deux dernières productions. Malgré l‘absence du génial Scorfina, il semble que l’envie d’en découdre soit là. Le titre suivant aurait donc nous emporter et nous faire oublier l’envie d’écouter quotidiennement un "Subway Sue" ou un "Natchez Trace". Las, "I love You Still" s’avère insipide et l’interprétation de David limite insupportable.
Il faudra attendre "We All Die Alone" pour ressentir à nouveau le grand frisson et retrouver les talents d’écriture de David Surkamp. Guitare hispanisante en intro, excellent violon aux senteurs de la Baltique ensuite, et puis de l’émotion à revendre. C’est désespéré, mais que c’est beau ! Pour le reste, l’album est composé de titres mélancoliques, au tempo lent, marqués par de beaux arrangements, au piano, au violon ou au mellotron. Quelques titres moins inspirés comme "Calling Out For Mine" ou la suite "We Walk Alone Forever", couplé à un manque de variation dans les rythmes, rendent cet album inégal. Ceux qui espéraient un retour aux sources du hard progressif proposé au milieu des années 70 seront déçus. Surkamp navigue maintenant dans des eaux plus calmes, aux accents folk entre Dylan et Chris De Burgh.
L’impression de se trouver devant un album solo de Surkamp plutôt que d'écouter la suite de "Pampered Menial" est insistante car si le groupe a conservé son identité sonore, son énergie s’est sérieusement atténuée. Comme nous, ils ont peut-être tout simplement vieilli. Vous l'aurez compris, il reste difficile d'apprécier cet album a sa juste valeur tant les attentes étaient grandes et pourtant... Il tourne !