Il a toujours été de bon ton de railler Helena Iren Michaelsen, ex-vitrine vocale d’un Trail Of Tears à son apogée dont elle illumina les albums Disclosure In Red (1998) et Profoundemonium (2000) et d’Epica lors de ses premiers balbutiements alors qu’il se nommait encore Sahara Dust. Mais outre le fait qu’elle dispose d'une voix (parfois) belle et puissante, la belle possède plus de personnalité que son physique vulgaire et outrageusement sexy (elle a même posé pour la version grecque de Penthouse !) pourrait le laisser penser.
Disparue depuis 2007 avec le plutôt honorable Queen Of Light d’Imperia, l’un des deux projets – le second étant son jardin secret, Angel - qu’elle mène de front suite à son départ du groupe norvégien, il serait néanmoins exagéré de prétendre que cette absence fut difficile à supporter. Cependant, c’est avec un certain plaisir que nous accueillons aujourd’hui son retour avec Secret Passion, quand bien même nous aurions préféré qu’elle nous offre le deuxième chapitre de A Women’s Diary de son Angel. En effet, les teintes plus feutrées et atmosphériques de ce side project masquent (un peu) les penchants pompeux que la Scandinave se sent obligée de cultiver chez Imperia avec lequel elle poursuit une carrière en demie-teinte entre Metal gothique à chanteuse et enluminures d’un symphonisme maigrelet ("Violence"). Epica peut encore dormir sur ses deux oreilles, ce n’est pas aujourd’hui, ni probablement demain, que son ex-chanteuse parviendra à lui faire de l’ombre...
Mais, s’il dégage moins de charme que Queen Of Light, Secret Passion a par contre plus d’ampleur que The Ancient Dance Of Qetech et surtout davantage de bons titres à offrir grâce notamment à quelques touches plus modernes qu’à l’accoutumée ("Fragile", "Mistress ") qui se mêlent aux volutes orientales quant à elles moins surprenantes. "Touch Of Your Hand" ou "Let Down" alimentent notamment cette valeur ajoutée.
Pouvant compter sur un groupe entièrement acquis à sa cause (où l’on croise des membres de Danse Macabre et Ancient Rites), la blonde à forte poitrine, selon son habitude, séduit lorsqu’elle pose sa voix avec plus de subtilité sinon de légèreté, celle-ci se parant alors d’une réelle beauté ("Out Of Sight", "Hold On"). En revanche, lorsqu’elle sombre dans l’outrancier (le pénible "Suicide") ou elle se confond avec une Castafiore de bas étage, son talent sucré se dilue dans un mauvais goût appuyé et ne saurait cacher la banalité d’une musique à la plastique certes bien faite mais (trop) téléphonée et vierge de surprises. Une seule se glisse réellement au milieu de cette mer calme : « My Sleeping Angel » où elle s’accouple avec un organe masculin pour un résultat plutôt touchant.
Au final, Secret Passion respecte les standards de qualité de ce projet de toute façon condamné à demeurer en seconde division et ce, malgré la sympathie que l’on peut nourrir – à raison – pour sa charmante maîtresse de maison.