Ce n’est pas pour nous donner des coups de pied dans les chevilles, mais nous vous avions prévenu lors de notre présentation de l’excellent "Cherry Red" : le talent de Sideburn n’allait plus pouvoir rester longtemps dans l’injuste anonymat qui était le sien ! Et voilà que les faits nous donnent raison, car non seulement le label Metal Heaven s’est penché sur le destin des 5 Suisses, mais c’est également un producteur qu’on ne présente plus qui s’est occupé de "Jail", dernier opus qui nous intéresse aujourd’hui. Et ceux qui pouvaient craindre de voir Beau Hill (Ratt, Warrant, Winger, Twisted Sister, Gary Moore…) aseptiser le son de Pirrehumbert et sa bande peuvent se précipiter avec confiance sur ce méfait au patronyme carcéral tant il permet à ses géniteurs de franchir encore un nouveau palier dans leur progression aussi régulière qu’irrésistible.
Les bases de la musique de Sideburn étant ce qu’elles sont, il n’est pas surprenant de constater que le combo helvète continu de maltraiter nos articulations à grand coup de riff pub-rock aux racines australiennes évidentes, mais encore une fois, il est impossible de lui reprocher de plagier les légendes du genre. Bien sûr, la voix de Pierrehumbert fait penser à celle de Angry Anderson, mais le grain et la tessiture de l’ami Roland son d’une qualité stupéfiante et lui permettent de varier son chant à volonté. La paire de guitaristes nous balance des riffs irrésistibles et des soli inspirés alors que la section rythmique est d’une efficacité rappelant les plus grands, Lionel Blanc se transformant parfois en un véritable métronome comme seul un certain Phil Rudd est capable de l’être ("Kiss Of Death"), mais là-aussi, sans jamais stéréotyper son jeu.
Fort de la qualité de ses musiciens, le quintet fait également preuve d’un sens de la composition redoutable. Aucun temps faible n’est à signaler, et au milieu de titres aux ingrédients désormais classiques pour Sideburn tels que qu’un "Live To Rock" au riff aussi évident qu’efficace et au refrain fédérateur, ou qu’un irrésistible "Lazy Daisy" mettant nos articulations à rude épreuve, nous découvrons également quelques références aux légendes du rock. Ainsi, si le mid-tempo "One Night Stand" est digne de Rose Tattoo, ou le heavy-blues-rock de "Chase The Rainbow" n’est pas sans rappeler AC/DC, il est plus surprenant de découvrir un "Long Beard And Boogie", hommage appuyé et réussi à ZZ Top sur lequel Boris se prend pour Billy Gibbons avec talent, et un "Good Boy" au refrain digne du "Hell Bent For Leather" de Judas Priest. Mais, et c’est là une preuve supplémentaire du talent de Sideburn, il ne tombe jamais dans le plagiat, et c’est également le cas sur le fabuleux blues-rock d’un "Creedence Vibe" dont les brumes de chaleur sont déchirées par des interventions de slide et d’harmonica.
Il nous est bien évidemment impossible de citer tous les titres mais soyez certains que chacun d’eux mérite que l’on s’y attarde et font de ce "Jail" un opus qui sera incontournable pour tous les amateurs de pub-rock à l’australienne, mais également de rock au sens large du terme. Car Sideburn réussit à la fois à parfaitement ingérer ses principales influences, mais également à continuer d’élargir son spectre musical sans y perdre en cohérence ni en efficacité. Nous aurions été tentés de parler d’œuvre abouti pour ce génialissime album, mais comme Sideburn réussit à chaque fois à nous proposer un album encore meilleur que son prédécesseur, allez savoir ce qu’ils nous réservent pour leur prochaine livraison !