Cinquième opus des Norvégiens. Comme à l’accoutumée, A-Ha prend soin de peaufiner l’entrée en matière : "Dark Is The Night For All" est porteur d’un Rock FM épique, alliant très habilement les vocalises oniriques de Morten Harket et les sons arrondis de la basse et des guitares – les cordes ayant pris le pas sur les claviers. La mélodie de ce premier morceau, quant à elle, se révèle aussi simple que magnifique.
Mais sur la suite, la qualité de composition est moins assurée, même si l’homogénéité tonale et musicale de l’ensemble est plus que correcte. Pour ne citer que ces quelques points de contestations, "Move To Memphis" n’a pas le même mordant que le "Sycamore Leaves" ou le "Cold River" de l’album précédent, "Cold As Stone" est inutilement long (ce genre d’écueil est d’ailleurs assez rare dans la discographie des Norvégiens), "Locust" s’enlise dans une réflexion vaporeuse et répétitive, pour en finir soporifique. Une fois n’est pas coutume, il assez peu fréquent, également, que l’on puisse reprocher quelque chose au vocal emblématique de Morten ; mais la prestation chantée de "Between Your Mama And Yourself", volontairement éraillée, n’est sûrement pas de celles qu’il aura réussies le mieux.
Rien n’est réellement mauvais sur ce "Memorial Beach", qui revendique clairement son ambition ténébreuse et nostalgique, mais il n’y a guère que "Dark Is The Night For All" et le très poétique "Angel In The Snow" pour élever la capacité émotionnelle de l’album (sur une thématique par ailleurs sensiblement plus romantique que celle qui prédomine sur l’ensemble, preuve de la créativité particulière de Pal Waaktaar en cette veine artistique).
Un projet qui n’est donc pas si mémorable, en dépit de l’orientation Rock qui se confirme, mais qui n’emporte pas la conviction de l’interprétation et de la composition, semblerait-il. Une compensation: le clip de "Angel In The Snow" est un bijou ; envoûtant, surprenant et poignant. La synergie de la musique et des images fait merveille !