Les New York Dolls sont parfois qualifiés de « plus célèbre groupe inconnu américain ». L’appellation est drôle mais révèle assez bien l’histoire de ce groupe « à part ». Formé en 1971, il se défend d’être composé de musiciens dérangés et flirtant avec une imagerie très provoc'. Les plus audacieux diront même qu’ils sont les précurseurs du Punk Rock, rien que ça ! Le fait est que six années plus tard, après deux albums studios et surtout de nombreux coups de projecteur causés par une attitude Glam outrancière car nouvelle (maquillage, perruques et travestissement), le groupe se sépare. Reformé en 2004, les poupées balancent un nouvel album dans les bacs en 2006. "Dancing Backward in High Heels" est donc à ce jour leur quatrième livraison studio sur une période de 40 ans. Qu'est-il alors advenu de la fougue et l’esprit rebelle de ce Papy Punk ? Réponse :
Si l'album de 2006 rendait hommage au pendant Blues du Rock, celui–ci s'imprègne d'une toute autre période et d'une toute autre ambiance. Il nous ramène tout droit au début des années 50, quand le Rock prenait son essor, se teintant de Pop, de Soul et bien d'autres genres encore (on pense ici parfois au fameux Wall Of Sound de Phil Spector). Mais ces gars là sont trop artistes dans l'âme pour faire sonner tout cela comme un simple hommage. C'est plutôt sous l'angle d'un retour aux sources que sonne "Dancing Backward in High Heels".
Débutant par une intro légère, portée par une voix fatiguée, éraillée mais évocatrice et authentique, "Fool For You Baby" ouvre un bal où la nostalgie vous touche à chaque coin de note. Guitare Folk, chœurs doucereux et ambiance à la Bob Dylan, Johanssen se sent "Sweet As A New York Doll" et nous envoûte. "Talk To Me Baby", sa suivante, possède une ambiance très Beatles avec sa basse Fuzz et son solo d'orgue. Le groupe effleure ensuite du doigt son passé avec un "Fabulous Rant" qui rappelle The Who sous ses rythmes enlevés et ses textes francs du collier et émaillés d'autodérision ("Your Uniform looks so idiot, I'm So Fabulous it's Ridiculous !").
Si les Beach Boys avaient copulé avec lesStones cela aurait donné quelque chose ressemblant fortement à "Fool For You Baby". Puis le groupe surprend de nouveau avec une nostalgie encore plus prononcée, à la limite du kitsch avec un "Kids Like You" tout en hammond grinçant et langueur hippie très fin des 60's. Leur Rock se décline ensuite sous d'autres formes très variées mais tout aussi délicieuses : Ambiance Club Rock a Billy avec le tambourin et le Sax omniprésent de "Round And Round She Goes", un Folk Rock classique très présent tout au long des titres, l'ambiance Doo-Wop et Ronettes sublime de la superbe "I Sold My Heart To The Junkman" avec ses violons, chœurs féminins et la voix irrésistible d'un Johanssen limite crooner.
Chaque titre vous semble familier dès la première écoute et, doté d'une aura affective évidente, ils prennent force au fil des multiples écoutes. Si nous y ajoutons le Reggae Blanc de "Baby Tell Me What I'm On" et l'ambiance très Motown d'un "Funky But Chic" endiablé enfin doté d'un solo de guitare électrique (on aura attendu la fin de l'album mais sans regret, et on s'en paye encore une bonne tranche dans une ambiance très Santana sur le dernier titre) les Dolls ont fait ici le tour de cette époque bénie, riche et novatrice, qui inspirera les plus grands quelques années plus tard.
Mention très spéciale au poignant "You Don’t Have To Cry" et son ambiance mexicaine avec trompettes et violons... On s'y croirait !
Le verdict est donc sans appel ! Ici, toutes les mélodies sont originales, les compositions solides et empruntes chacune d'un réel univers porté à bout de bras par un groupe semble-t-il 100% honnête et passionné, au point que l'ensemble se tient sans aucune impression de fourre tout. Indispensable !