Three Seasons est le nouveau projet de Sartez qui officiait en tant que chanteur au sein de Siena Root. Récemment signé chez Transubstans Records, le trio propose donc son premier album "Life’s Road". Déjà rien qu’en se fiant à l’artwork de la pochette, il n’est pas bien sorcier de deviner l’approche très typée seventies qui va se dégager de "Life’s Road". Mais attention tout de même à l’étiquette "Stoner / Doom" qui circule autour de cet album.
En tout bien tout honneur, Sartez et ses acolytes remontent le temps à vitesse grand V. Tout d’abord sur l’aspect production qui résonne particulièrement Live, comme en témoigne de légers larsens sur la guitare. Quant aux morceaux, ils transpirent le Hard Rock issu de la période charnière 1968 / 1972. Les influences de Three Seasons piochent allègrement dans les répertoires de Deep Purple Mark I, Led Zeppelin, Free, Mountain pour la partie musclée mais également vers Pink Floyd ou Hypnos 69 pour les passages plus calmes et psychédéliques.
D’ailleurs, les longs soli de Sartez, qui au passage se révèle un guitariste émérite, ne sont pas sans évoquer un certain Ritchie Blackmore. Mais le charme de cet album repose surtout sur un respect considérable de cette époque épique. Three Seasons démontre de bonne foi qu’il est encore possible d’intéresser un public en fondant sa musique sur du passé. "Life’s Road" s’impose comme un témoin instructif et néanmoins intéressant de ce qui a vu le jour à l’aube des années soixante dix.
Bien entendu, le B3 trouve logiquement sa place sur cet opus pour meubler avec bonheur l’espace que lui laisse la section rythmique. Cette impression de totale liberté artistique se confond avec une réelle candeur, magnifiquement restituée par la tessiture vocale de Sartez. Même si ce premier album est assez long, il n’en demeure pas moins très agréable à écouter. Sa diversité passe bien au-delà des influences. D’ailleurs, le son de guitare très peu saturé n’est pas complètement en phase avec les groupes citées plus haut, mais confère à "Life’s Road" cette touche attachante et presque juvénile.
Après tout, cette vision des éléments est entièrement logique pour un groupe qui vit à fond le trip seventies au point de faire parvenir "Life’s Road" au rang de manuel d’histoire en version numérique ou en vinyle pour les vrais connaisseurs. Au fond, la bonne musique n’a jamais eu besoin de toute forme d’apparat et Three Seasons, même s’il voue un véritable culte aux Anciens, ne plagie en aucune manière leur héritage et aurait même tendance à se l’approprier de manière très naturelle. En tout cas, une belle leçon d’humilité.