Cinq ans après "Die Kreise Schliessen Sich" - qui n'avait pas laissé un souvenir impérissable - les allemands de Traumpfad reviennent avec leur nouvel album "Aufbruch". Premier constat en faisant un rapide détour du côté du line-up, celui-ci n'a pas changé. Cela présage-t-il un album dans la lignée du précédent ?
Autant tuer dans l'œuf cet insoutenable suspens : la réponse est malheureusement positive. Traumpfad fait du Traumpfad, c'est-à-dire un hard rock plutôt lourd dans lequel pointent de temps en temps des passages lumineux, mais bien trop courts et peu fréquents. Les compositions assez linéaires se ressemblent, couplets/refrains et breaks instrumentaux, tantôt assumés par les claviers, tantôt par les guitares, les premiers, aériens et inspirés apportant systématiquement légèreté et fraicheur, quand les secondes, manquant sensiblement de technicité, affadissent une musique déjà bien plate.
Le chant manque de conviction et de puissance pour une musique qui essaye de jouer dans la catégorie poids lourd. Il n'est jamais meilleur que sur les passages moins heavy, car la voix est juste et semble bien mieux convenir à des mélodies plus douces. La batterie et les guitares noient souvent les titres sous une profusion de décibels bien grasses entrentenue par des riffs ennuyeux et convenus. Comme sur l'album précédent, seul Matthias Unterhuber tire son épingle du jeu par ses interventions incisives et variées (l'introduction du premier titre "Sol", constituée de quelques notes cristallines au piano, laissait augurer du meilleur), mais ne peut à lui seul dégager le groupe de l'ornière que creusent impitoyablement guitares et batterie.
"Sol", "Die Reise" (au final Purpleien), "Vater Und Sohn", le meilleur titre de l'album où les vocalises de Anja Lange apportent une touche de sensibilité et "Zwei Seelen" où la batterie prouve qu'elle peut être présente sans être envahissante, s'ils ne sont pas d'une originalité époustouflante, s'écoutent agréablement. Par contre, "Octopussy Aether", seul instrumental, ne tient pas ses promesses malgré un début aguicheur où le piano, encore lui, égrène avec dextérité ses notes aigües sur fond de cymbales. Si certains passages sont intéressants, le titre tire en longueur et n'est pas dépourvu de lourdeur et de répétitions, renforçant l'impression que Traumpfad pêche côté créativité.
Un cran légèrement au-dessus de "Die Kreise Schliessen Sich", "Aufbruch" ne décolle cependant jamais vraiment. Il s'élève le temps de quelques mesures, puis retombe gauchement sur le sol. Les moteurs tournent à plein régime, probablement un peu trop : nuances et sensibilité sont des vertus musicales que le groupe ne cultive pas suffisamment, même s'il semble en posséder le potentiel.