NIRVANA: In Utero (GRUNGE) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Donner une suite à un album aussi unique que "Nevermind", voilà le genre de défis propre à rendre dément tout musicien. Pourtant, en moins de 2 semaines, Nirvana va enregistrer son nouvel album et parvenir à fusionner au sein d’un même disque son côté rugueux et brutal avec ses fantastiques qualités mélodiques.

Ce "In Utero" concilie en effet les racines garage band du groupe avec sa tendance naturelle à la douceur qui s’exprime aussi bien au travers d’une Pop brillante que de ballades toute en émotion. Si "In Utero" se montre légèrement plus apaisé au niveau musical que "Nevermind", il se montre beaucoup plus torturé au niveau des textes. Aux cotés de 'Milk It' et du titre exutoire, 'Tourette's', qui dégagent la rage brute et primaire dont le groupe était coutumier, de nombreux titres comme 'Dumb' et de 'All Apologies' nous permettent de découvrir un groupe fragile et émouvant.

Le style global n’a pas grandement changé et l’on retrouve ce sens imparable de la composition qui fait la force de Nirvana. La principale évolution est certainement à mettre sur le compte du son, "In Utero" étant beaucoup plus brut que son prédécesseur. De ce fait, les polémiques nées de la production de Steve Albini (Pixies, Page & Plant, Neurosis…) sont nombreuses. On reproche notamment à ce dernier d’avoir sous mixé les vocaux et la basse. Il faut toutefois reconnaître que c’est ce son un peu sale qui a légitimé grandement l’intégrité artistique du groupe. Au travers de ce traitement, les chansons intrinsèquement Pop gagnent en saveur et en profondeur. Pour ce qui est des titres plus marginaux, que Nirvana s’est senti obligé d’intégrer afin d’atténuer son image de groupe grand public, ils se fondent à merveille dans ce chaudron sonore brut.

Il en ressort un disque plus inégal et moins accessible que "Nevermind" mais qui recèle un nombre considérable de pépites transcendées par la voix pleine d’émotion de son leader. Parmi celles-ci, on peut citer les incontournables et excellents 'Heart Shaped Box', 'Penny Royal Tea', 'Rape Me' ou 'All Apologies' mais également des morceaux moins connus mais tout aussi jouissifs, comme le massif 'Scentless Apprentice' ou bien le punk 'Milk It'.

Certains titres restent assez dispensables à l’image de 'Frances Farmer Will Have Her Revenge On Seattle' ou bien de 'Very Ape' et nuisent un peu à l’harmonie de l’ensemble. Cela reflète les ambiguïtés qui animaient certains membres du groupe, notamment Kurt Cobain qui peinait à assumer sa récente notoriété et qui se cherchait une virginité artistique au travers de choix un peu trop fougueux.

"In Utero" est un excellent album ayant très bien vieilli et qui atteste que Nirvana n'était pas qu’un phénomène de mode mais bien un groupe talentueux. Environ 6 mois après la sortie de ce disque qu’il souhaitait initialement intituler "I Hate Myself and I Want to Die", Kurt Cobain se donnait la mort…

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