Jusqu'à présent, la deuxième carrière des Allemands de Grave Digger est un sans faute. Depuis 1993 et "The Reaper", le groupe a composé six très bons disques et même le départ récent de l'un des artisans de ce retour, Uwe Lulis, n'a pas empêché la formation de proposer avec "The Grave Digger" un excellent album de heavy métal et de faire un triomphe en tournée. C'est donc assez confiant que l'on retrouve Grave Digger courant 2003 pour sa 11ème livraison studio. Mais, alors que Chris Boltendahl avait juré en avoir fini avec les concepts historiques, c'est pourtant ce qu'il nous propose avec ce nouveau disque. En effet "Rheingold" s'inspire de l'opéra de Richard Wagner, "The Ring Of The Nibelung", tiré d'une saga médiévale.
Ce retour en arrière semble risqué tant "The Grave Digger" avait séduit par son côté plus rentre-dedans et simple et tant il parait délicat de faire aussi bien que la trilogie médiévale. De fait, "Rheingold" est décevant et plus faible que ses glorieux aînés. Le groupe ne retrouve pas la classe et la finesse parfaitement alliées à la puissance du heavy qui faisait la force d'un "Excalibur" ou d'un "Tunes Of War". Malgré une bonne production et une qualité de jeu évidente, il manque quelque chose pour faire tout à fait décoller cet album, comme si dans ce contexte épique, la classe d'un Uwe Lulis manquait cruellement. Manni Schmidt est un excellent guitariste mais pas forcément adapté à ce registre plus enlevé. De fait, il manque de grands moments, le tempo est souvent trop lourd et répétitif et seuls quelques titres sortent clairement leur épingle du jeu, sans pour autant être des hymnes en puissance pour le public et les concerts.
"Murderer", "Rheingold", "Maidens Of War" et "Twilight Of The Gods" se détachent franchement du lot. Le ton est puissant et épique, les refrains de qualité et des passages sont plus mélodiques. Les deux dernières sont particulièrement réussies et proches du meilleur niveau du groupe. Le passage calme et chanté tout en douceur par Chris de "Twilight Of The Gods" est même d'une grande classe, Manni proposant en outre, tout au long du titre, sa meilleure prestation avec riffs puissants et solo tout en finesse.
Alors que "Dragon", "Giants", "Swords" ou encore "Liar" sonnent juste comme des faces B de la grande époque du groupe. Le tout est certes efficace avec de bons passages mélodiques et épiques, avec des chœurs sur les refrains, mais sans génie se contentant d'appliquer une recette qui avait bien fonctionné.
A force de sortir des disques imparables, Grave Digger a poussé haut le niveau d'exigence que l'on attend de lui. De fait, sans être mauvais (nombre de groupes se contenteraient largement de ce disque), "Rheingold" déçoit en ne retrouvant pas le souffle qui faisait la force des concepts historiques du groupe. Cela étant, il comporte assez de bons titres pour satisfaire les fans, même si nous aurions aimé voir le groupe continuer sur la lancée de "The Grave Digger".