Xerath fait partie de ces groupes à l'orientation difficilement qualifiable. Après un premier album éponyme remarqué et un changement de line-up (Owain Williams passant de la basse à la guitare, et Christopher Clark rejoignant le combo pour le remplacer), leur mélange improbable entre musique de film et métal technique est paré au décollage. Mixé par Jacob Hansen, l'album propose enfin du Xerath avec une excellente qualité de production, ce qui faisait cruellement défaut au premier opus qui avait pourtant bénéficié des soins de Brett Caldas-Lima (Kalisia, Auspex, To-Mera...). Mais la production n'est pas seule en cause et les musiciens se sont eux aussi, de toute évidence, démenés pour livrer le meilleur d'eux-mêmes.
Le groupe a établi son QG au croisement de multiples courants musicaux, du djent en vogue actuellement au mathcore de Meshuggah, en passant par le métalcore de ce chant très typé, presque dichotomique... Impossible également de ne pas mentionner l'influence du métal progressif "classique" dans la musique de Xerath ; on pense en premier lieu à Dream Theater et Symphony X, voire To-Mera. L'amalgame de toutes ces influences pourrait provoquer un contraste trop élevé, nuisible au plaisir d'écoute, mais il n'en est rien (et c'est là où le quatuor excelle). Plénier, majestueux, le son est globalement d'une solidité remarquable et le style nouvellement créé d'une cohérence impressionnante. Ce patchwork hallucinant se révèle au fil des écoutes d'une homogénéité surprenante, compte tenu de la diversité intrinsèque des compositions.
Paradoxalement, on regrettera peut-être une certaine redondance. Un poil long, l'album souffre de quelques légères baisses de rythme, notamment sur l'avant-dernière piste, dispensable. Quelques longueurs qui ne pénalisent pas vraiment la réalisation dans sa globalité, les petits chefs-d'œuvre présents sur la tracklist compensant allègrement ce léger grief ; à commencer par l'epic final, "The Glorious Death", un morceau monumental aux parties orchestrales à couper le souffle.
D'autres titres sortent du lot ; ainsi, "The Call To Arms" ou encore "Nuclear Self-Eradication" se démarquent par une qualité d'écriture élevée, tant dans les riffs (dynamiques et puissants) que dans les solis (magnifiques) et les arrangements orchestraux, absolument somptueux. Les musiciens offrent tous une prestation de haute volée, surtout Owain Williams, qui pour sa première réalisation au poste de guitariste, a de quoi faire pâlir un certain nombre de confrères...
Ce deuxième opus des Britanniques est intense, éprouvant même... Mais la récompense est à la hauteur de l'effort ! Les allergiques au chant extrême, ici au premier plan, auront certainement de grosses difficultés à apprécier cette musique dense et parfois agressive, mais là encore, le jeu en vaut la chandelle. Des merveilles de mélodie et d'atmosphère attendent les plus courageux... Quoi qu'il en soit, Xerath frappe très, très fort avec cette sortie. Chaudement recommandé !