Nouveau venu sur la scène métal prog, Lost In Thought est une jeune formation britannique qui se présente à nous aujourd'hui avec sa première réalisation, assez logiquement intitulée Opus Arise. On devine un appétit assez fort de la part de ces jeunes musiciens, mais le plus important est de savoir si le talent et l'inspiration sont eux aussi au rendez-vous. Comme beaucoup d'autres combos actuels, en effet, Lost In Thought ne semble pas avoir le petit plus qui leur permettrait d'exister indépendamment d'un microcosme musical saturé. Visiblement (audiblement ?) nourris au métal prog des années 90, Dream Theater et surtout Vanden Plas en tête, ils accumulent ici les poncifs du genre... Mais le résultat n'est pas pour autant entièrement à jeter.
D'un côté, il est indéniable que l'impression de "déjà-entendu" se fait de plus en plus évidente, et de plus en plus pénible au fil des pistes. L'amateur averti n'aura certainement aucun mal à deviner, ici un plan rappelant tel groupe, là un pont en évoquant un autre ; plus regrettable encore, le son lui-même provoque de nettes réminiscences tout au long de l'album, notamment pour ce qui est des claviers, souvent bien employés mais qui paraissent irrémédiablement datés. Un morceau comme "Blood Red Diamond" en est l'exemple le plus probant. On a la sensation d'écouter l'un de ces innombrables clones de Dream Theater apparus dans les années 90 (souvenez-vous des Ice Age, Lemur Voice et autres Dreamscape).
Malgré tout, la sauce prend finalement assez bien. Nate Loosemore délivre une prestation vocale tout à fait honnête, dans un registre assez proche d'Andy Kuntz. Ses camarades instrumentistes sont eux aussi en pleine possession de leurs moyens ; assez limités, certes, mais mis à contribution sans excès. Les parties instrumentales préfèrent généralement rester mélodiques, et ne sombrent que rarement dans la démonstration nombriliste. Un bon point ! De plus, certains titres sortent clairement du lot. Ainsi, "Seek To Find" est une power ballade extrêmement formelle dans sa composition, mais qui fonctionne vraiment bien. La deuxième partie du morceau, épique à souhait, propose une partie instrumentale délicieusement mélodique qui devrait plaire à beaucoup d'amateurs du genre. Notons aussi l'exceptionnel solo de guitare de "New Times Awaken", qui n'a pas grand chose à envier à un John Petrucci des grands moments. Il est juste dommage que le reste ne soit pas à la hauteur, à l'image des lignes de chant poussives qui l'accompagnent.
"Classique mais efficace" pourrait être un bon résumé de ce disque, si seulement il se montrait plus efficace ! Malheureusement, nos 5 compères d'outre-Manche ont encore beaucoup à apprendre pour arriver au niveau de leurs modèles. Sans être réellement indispensable, Opus Arise ne devrait cependant pas avoir trop de mal à se trouver une clientèle, et peut-être même une fanbase. Grâce à des qualités certaines en termes d'écriture et un chanteur à la présence appréciable, gageons que le groupe saura progresser et trouver ses marques à l'avenir. C'est tout le mal qu'on leur souhaite !