Voilà donc Big Life, le projet annoncé sur le net à grands renforts de qualificatifs qui feraient baver une pierre ponce et qui réunit (sic) "les immenses talents d'un génie du rock mélodique anglais et l'ancien frontman de Praying Mantis". Devant un tel écrin, des présentations immédiates sont nécessaires, point trop ne faut abuser de votre patience.
A notre droite le génie : Steve Newman, huit albums d'AOR au compteur ne lui valant même pas un entrefilet sur Wikipedia qui lui préfère un homonyme chanteur/guitariste sud-africain. A notre gauche l'ex-frontman de la mante religieuse Mark Thompson-Smith…en fait ex-chanteur-éclair devrions-nous préciser puisqu'il n'a tenu le micro chez les frères Troy qu'à l'occasion d'“Only The Children Cry" EP qui émergea, en 1993, de "Cry For The New World" après sa sortie (une fois que Colin Peel ait fait ses valises de chanteur) et d'une tournée japonaise. En sept mots : ça sent la gonflette de fort des halles.
Alors, que vaut cet opus d'AOR ? Baudruche ou friandise ? Hé bien disons que cet album éponyme est plutôt du genre montgolfière, mais avec quelques sucreries dans sa nacelle.
Il démarrait pourtant bien ce "Big Life" avec quatre bons morceaux sur les six premiers titres. En effet, "Dying Day" qui annonce un Hard FM pêchu et mélodique, "Better Man" qui enfante de prometteuses envolées mélodieuses, "Calling" qui nous gratifie d'un thème arabisant récurrent de première qualité mais également d'un solo affuté et "Feel Alive" doté d'une partie de guitare lumineuse, pouvaient nous permettre d'envisager un opus de qualité plus qu'honorable. Las…la suite vire au mièvre, tourne à l'insipide, braque vers l'insignifiant.
Ainsi, nous piquons un somme sur la ballade "Deep Water" malgré le jeu fin très West Coast de la six-cordes, nous restons de marbre à l'écoute du plus moderne "At The End Of The Rainbow" quand nous n'esquissons pas une grimace sur les couplets vocaux trafiqués, nous sentons, navrés, le souffle suranné des flonflons du bal sur les ballades "Leaves" et "Stop In Time" (mon dieu ces chœurs digne de La Boum 3 !), nous sommes plein d'espoir puis déchantons méchamment après l'entrée en matière de "Takin' Me Down" dont la mélodie tombe à plat et pour finir nous achevons notre roupillon du début avec la ballade minimaliste "Nothing Without You".
De l'art de magnifier des sorties en les gonflant à l'hélium de l'exagération pour camoufler des productions dont l'écoute devrait être prescrite comme somnifère musical… Décevant et, subséquemment, énervant.