"Colour Green" est le premier disque du groupe français Transperception. Groupe est un abus de langage, car derrière ce nom se cache un seul homme, le multi-instrumentiste Djam Zaidi. Mais, contrairement à nombre de projets solos où la musique est, par la force des choses, souvent intimiste, elle est ici si dense que Djam Zaidi parvient à nous faire croire à la réelle présence d'un véritable groupe.
Car ce qui frappe d'entrée à l'écoute de cet album, c'est la richesse des harmonies et le punch qui se dégage de la majorité des titres. Il n'y a pas à dire, Transperception fait preuve d'une générosité et d'une énergie peu communes, qui s'appliquent aussi bien au chant qu'aux guitares, aux claviers qu'à la rythmique. Les idées foisonnent, prenant régulièrement l'auditeur à contrepied par des changements de rythmes et de mélodies incessants. Presque trop parfois. On se prend à regretter que certains thèmes n'aient pas fait l'objet de plus longs développements, permettant d'installer des textures sonores qui, là parfois, s'évanouissent à peine entendues.
Le tempo, globalement très soutenu, et les fréquents changements de rythmes donnent l'impression de chevaucher un animal sauvage, parti au galop, où l'angoisse de se faire désarçonner le partage à la griserie de la vitesse et de l'aventure. Ainsi, la difficulté de trouver des repères dans une mélodie qui ne veut pas prendre le temps de se poser pourra en surprendre plus d'un. De même, le chant très original de Djam Zaidi, tantôt vigoureux, "à l'arrache", et tantôt sur le fil du rasoir, à la limite de la fêlure, ne sera certainement pas du goût de tout le monde. Pourtant, toujours juste et sincère, il constitue l'un des points forts de cet album.
Autre point fort, les qualités de musicien de Djam Zaidi : que ce soit la guitare électrique débridée, la basse virevoltante ou les claviers aux descentes vertigineuses, les morceaux de bravoure sont légion, lui permettant de démontrer ses capacités techniques incontestables. Seul le traitement de la batterie (programmée ?) pèche par son côté monolithique et envahissant, allant parfois jusqu'à gâcher certains titres par sa seule présence.
Oscillant entre progressif énergique ('Colour green', 'Right In Time') et hard rock mélodique ('Final Destination'), parfois traversé de douceur (le splendide 'Nothingness', 'After The Rain') ou saupoudré d'une touche orientale ('Soon'), "Colour Green" est un album débordant d'une inventivité qui nécessiterait juste d'être un peu canalisée pour passer du statut de très bon disque à celui d'album exceptionnel.