Que tous les amateurs de science-fiction se réjouissent ! A l'écoute de "Story Of a Woman", ils auront l'impression d'avoir découvert la machine à remonter dans le temps et pourront parcourir au fil des morceaux les années 60, 70 et 80 (désolé, la machine n'est pas suffisamment perfectionnée pour atteindre les années 90 et au-delà). Certes, il n'y a aucune honte à apprécier aujourd'hui des musiques vieilles de trente ou quarante ans (déjà !). L'idée de composer et d'arranger, en 2003, des titres "à la manière de" est déjà plus originale. Mais quand le résultat produit atteint un tel niveau d'indigence, on est en droit de se demander l'intérêt du propos.
Non pas que nous soyons en présence d'un mauvais disque. Les titres ne sont pas désagréables à écouter, Stefan Olofsson alterne des morceaux doux et d'autres plus nerveux, les instrumentaux côtoient les chœurs. Les musiciens, sans être exceptionnels, jouent convenablement leurs partitions. Mais les compositions comme l'interprétation sont datées, passéistes et certains passages tombent carrément dans le kitsch. Par ailleurs, il se dégage un manque d'implication de la part des musiciens qui semblent ne pas croire eux-mêmes en l'utilité de l'entreprise. Cette impression de superficialité est renforcée par les nombreux titres qui se terminent en fading out abrupt ou par des fins brutale.
Pourtant Stefan Olofsson puise à de nombreuses sources : 'Bifrost' rappelle vaguement Keith Emerson et ses pianos solos du temps d'ELP, 'Good Intentions' et 'Story Of A Woman' tiennent du croisement entre Electric Light Orchestra et James Blunt, 'Wake Up Emerson' renvoie à 'Aquatarkus' d'ELP et il est même possible d'entendre des chœurs à la Beach Boys sur 'The Day She Dies', une reprise des années 60 du groupe We The People.
Mais la soupe est trop fade et il ne suffit pas d'invoquer les mânes des grands anciens pour faire un disque de qualité. Que ceux que la nostalgie étreint réécoutent les originaux plutôt que ce sympathique mais bien pâle hommage...