Depuis le début des années 2000, Rick Miller se rappelle régulièrement à notre bon souvenir, délivrant des albums qui, s'ils n'entrent pas dans la catégorie de chefs d'œuvre novateurs, s'écoutent avec un plaisir certain. "In The Shadows" ne déroge pas à la règlepuisque l'on retrouve toutes les qualités qui font le charme de cet artiste, ainsi que les petits défauts dont il n'arrive pas à se départir.
Le premier titre à lui seul est une parfaite synthèse des compliments et reproches qui peuvent être faits à l'artiste : l'introduction est une vraie réussite avec son solo de guitare sur lequel les percussions puis des plages d'orgues viennent donner de l'épaisseur. L'auditeur baigne immédiatement dans une musique aisément abordable et mélodieuse. Les effets sont classiques, mais efficaces. Le chant fait indubitablement penser à Pink Floyd (Gilmour et Wright sur les ballades). Le titre enchaine les variations de rythmes sans rupture trop marquée. De la belle ouvrage certes, mais sans prise de risques, sans surprise, un peu lisse et sur un mid tempo qui perdure sur toute la durée de l'album.
Voilà résumé ce qu'il faut attendre de ce disque. Mais le manque d'originalité et le tempo par trop monolithique sont de peu de poids dans la balance face à la qualité des compositions et de l'interprétation, et un plaisir béat s'insinue au fil de l'écoute de cet album reposant. On fond littéralement devant des harmonies qui n'ont rien d'extraordinaire, mais où tout s'emboîte parfaitement. La rythmique ultra classique est là où on l'attend, la guitare électrique se fait souvent gilmourienne, une flûte bucolique apporte de temps à autre une touche de fraicheur, les violons et violoncelles un soupçon de mélancolie, des chœurs ajoutent de l'épaisseur à un chant lisse mais agréable.
Il est facile de se laisser envouter par 'A Promise Worth Making', 'Heaven in Your Eyes', 'Life In The Shadows' (fermez les yeux et laissez la flûte vous entraîner vers des paysages apaisés, une vallée riante et ensoleillée, un ruisseau qui serpente au milieu, de l'herbe verte, des papillons), 'The Twilight Beckons Me', les mélodies orientales de 'The Fall Of Uqbar', 'The Young Man and the Mirror' ou encore 'The Breeze, The Ocean, The Rain', une chanson presque folklorique où le refrain donne envie de chanter en chœur et de se balancer doucement au rythme de la mélodie.
Les albums de Rick Miller se suivent et se ressemblent ? Tant mieux ! Bien sûr, une petite prise de risque de temps à autre aurait pu venir rehausser un album parfois trop homogène, mais pourquoi bouder son plaisir quand tout concourt à une écoute agréable ?