Pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents de l'actualité trépidante de Copernicus, rappelons que sous ce nom se cache un claviériste/poète/philosophe du nom de Joseph Smalkowski, auteur de deux albums récemment publiés sur l'exigeant label Moonjune. Et exigeante, la "musique" produite par notre individu l'est assurément. Le lecteur attentif aura remarqué l'utilisation d'apostrophes autour du vocable qui nous réunit ici, celles-ci méritant bien entendu plus amples explications.
L'œuvre qui nous est proposée sur ce Cipher and Decipher, tout comme pour ses prédécesseurs d'ailleurs, se compose de deux entités bien distinctes, dont le mariage aboutit à la constitution de plages musicales.
Côté musique tout d'abord, 70 minutes d'improvisations en tous genres, visitant un large spectre de styles. Nous retrouvons ainsi des accents psychédéliques (Into the Subatomic, Free at Last), jazz-rock festif (Infinite Strength, The Cauldron), ou encore expérimentaux-planants à la manière d'un Talk Talk (I Don't Believe). L'ensemble, probablement profondément remixé et retravaillé, reste toutefois très expérimental ou avant-gardiste selon la définition que l'on accolera à ce dernier terme. C'est souvent dissonant, parfois arythmique et dans tous les cas plus proche du RIO que du néo-progressif pour le côté "assimilation rapide".
Par-dessus ces différentes ambiances vient se greffer notre artiste, affublé généreusement du vocable de chanteur. De chant il n'est en effet point question ici, puisque les interventions vocales se résument à une déclamation permanente, parfois à la limite des intonations d'un discours dictatorial, le tout sans grand rapport avec les improvisations qui assurent le fond sonore. Je ne m'étendrai pas non plus sur le discours pseudo-philosophique caché derrière le concept de l'album, mais sachez simplement que Copernicus s'adresse à l'univers, pour lui faire part des quelques soucis de l'humanité.
En superposant ces deux couches sonores, notre maestro rate son effet, ses interventions permanentes masquant complètement la musique improvisée qui, bien que présentant des séquences probablement dignes d'intérêt, ne peut s'écouter que par bribes, bien trop parcellaires pour pouvoir être appréciées à leur juste valeur.
Alors au moment de conclure cette chronique et de passer à l'épreuve ô combien difficile de la notation, une fois n'est pas coutume, celle-ci sera fortement teintée de subjectivité, la musique étant malheureusement affaire de sensations et d'émotions. De mon point de vue, Copernicus est à la musique ce que l'art contemporain peut parfois être à la peinture des maîtres flamands : certains se gaussent d'apprécier la performance en criant au génie, d'autres crient à l'escroquerie. Pour ma part, je me range dans la deuxième catégorie.