Accouché aux forceps dans une période difficile pour le groupe, "Saints & Sinners" semblait marquer la fin d’une époque pour David Coverdale et Whitesnake. Jusque-là habitué à sortir un album tous les ans, le charismatique leader nous aura fait patienter le double pour un "Slide It In" dont la conception n’aura également pas été des plus aisées. En effet, sous la pression de John Kalodner, Coverdale a dû écarter le fidèle Martin Birch de la production aux dépens d’Eddie Kramer, avant de revenir sur sa décision. Il profite également de ce revirement pour confier une partie de la composition des nouveaux titres à Mel Galley, preuve de confiance inattendue pour le guitariste dont il s’agit seulement du second album au sein du légendaire combo.
Mais contrairement à son prédécesseur, cet album ne pâtit pas du remue-ménage qui se déroule en coulisses. C’est ainsi que le groove légendaire qui a fait la renommée de Whitesnake est de retour avec quelques titres à déguster sans modération ("Gambler", "Standing In The Shadow"). Le bon Hard-Rock Bluesy est également de la partie et voit Jon Lord nous sortir quelques soli pour notre plus grand plaisir ("All Or Nothing", "Hungry For Love"). Quant aux inspirations Zeppeliniennes, elles sont également à l’honneur avec l’excellent "Slow An’ Easy", seule composition de Micky Moody retenue, mais dont la structure à tiroirs et le refrain accrocheur trônent au somment de la tracklist, sans oublier un "Love Ain’t No Stranger" qui voit Coverdale en pleine tentative de rédemption après quelques infidélités dont il a le secret.
Mais plus qu’un retour aux sources, "Slide It In" contient également quelques pistes pour l’avenir d’un Whitesnake tenté par l’aventure américaine. C’est un ainsi que nous avons droit à quelques titres dont l’énergie est communicative à grand coup de refrains immédiats et de riffs accrocheurs ("Slide It In", "Spit It Out"). Les structures sont alors plus simples et directes, au point que le riff, la mélodie et la structure de "Give Me More Time" ne sont pas sans rappeler un certain "Highway To Hell" que nous ne vous ferons pas l’affront de vous présenter.
Sans présager de l’avenir du combo britannique, "Slide It In" semble se positionner comme un album charnière dans la carrière de ce dernier. Il est d’ailleurs à signaler que l’album sera remixé par Keith Olsen pour sa sortie US, alors que John Sykes remplacera un Micky Moody ayant abandonné le navire, et que Neil Murray sera rappelé pour suppléer Colin Hodgkinson dont le travail n’a pas satisfait David Coverdale. Le son sera alors plus adapté au marché nord-américain aux dépens des claviers de Jon Lord et de la basse. Si les puristes y trouveront à redire, voilà qui effacera les derniers doutes quant aux nouvelles ambitions du maître des lieux !