Cela fait longtemps que les pays de l’hémisphère nord ne détiennent plus le monopole métallique. L’amélioration et la démocratisation des techniques d’enregistrement ainsi qu’une diffusion de la musique rendue plus aisée grâce à l’Internet expliquent notamment l’heureuse prolifération de hordes à travers toutes la planète et parfois même depuis des endroits franchement reculés. Malgré tout, on regrette que les terres d’Islam restent encore aujourd’hui le parent pauvre du Metal. C’est pourquoi on ne peut que se réjouir de l’existence d’un collectif, qui plus est des plus talentueux, tel que Vielikan, originaire de Tunisie.
Artisan d’un Death Metal plus progressif que technique, il se déleste avec A Trapped Way For Wisdom d’une première offrande auto-produite qui mériterait largement de pouvoir bénéficier d’une réelle promotion. Plus que d’autres qui viennent de pays mieux placés sur l’échiquier métallique.
D'abord identifié sous le nom de Death Awakening puis sous celui de Ethereal Travel, Vielikan y forge des compositions fleuves crépusculaires et telluriques ("Black Marsh"), le plus souvent davantage aux confins du Doom/Death des année 90 – le chant bien caverneux procède d’ailleurs de cette filiation - que d’un metal de la mort étouffé par une overdose d’exécution.
De fait, les modelés y sont extrêmement lourds, lents parfois (comme sur "Zero Affection") cependant que le format retenu, priviliégiant les longs périples (entre 7 et 13 minutes au compteur) aux courtes cavalcades, offrent ainsi aux musiciens le temps de développer leur art et de permettre à leurs créations de déployer leurs tortueuses ramifications. A leur écoute, certains penseront peut-être aux vieux Opeth (le meilleur ?), d’autres, aux premiers efforts d’Orphaned Land, les arabesques orientales en moins. Ces comparaison seront justifiées.
Si A Trapped Way For Wisdom parait un poil trop long avec certains passages qui auraient sans doute nécessité quelques parcimonieux coups de ciseaux pour les alléger un peu, des moments de pur beauté jaillissent néanmoins de cet album, à l’image du final de "A Vertiginous Fall" ou bien encore du mortuaire "Celestial Autumn".
Ce premier jet qui renoue avec le metal extrême progressif tel qu'il était envisagé durant les années 90 et donc obscurci par des racines Death/Doom, révèle un talent certain dont on souhaite qu’il puisse s’exporter en dehors des frontières du Maghreb. Ces musiciens souvent inspirés le méritent largement !