Formé en 1998, les français de Benighted se sont imposés comme un combo important dans le paysage du Death Grind européen. Après cinq albums studio dont les très bon "Identisick" (2005) et "Icon" (2007), le groupe revient en 2011 avec "Asylum Cave" montrant un Benighted plus moderne.
Le choix du concept ancre Benighted dans la réalité et l’actualité. "Asylum Cave" est basé sur l’affaire Fritzl, dans laquelle une jeune femme autrichienne fut séquestrée dans une cave, violentée et violée par son père, Joseph Fritzl, pendant 24 ans. La production moderne et puissante pourra paraître paradoxale avec l’idée d’un long enfermement et le côté répugnant de l’affaire.
Outre l’aspect mélodique, la recrudescence de rythmes saccadés et la présence de Pig Squeals ("The Cold Remains") ou de parties vocales plus typées Hardcore ("Unborn Infected Children") rapprochent considérablement la musique de Benighted au mouvement Deathcore. Si Benighted perd ainsi en brutalité, le contenu global reste tout de même de qualité. Les parties les plus complexes sont exécutées avec précision, tel le break central d’"Asylum Cave" avec ses mesures 7/8, qui redynamisent considérablement le titre. Le blast-beat et la double pédale extrêmement rapide sont des composantes essentielles du jeu de batterie. Julien fait preuve quant à lui d’une grande diversité dans son chant, alternant voix gutturales aiguës et graves ("A Quiet Day"), pig squeals et chant hardcore. Enfin, comme sur les albums précédents, les parties de guitare font preuve d’une certaine virtuosité, les passages en tapping de "Prey" et les harmoniques sweepées d’"Unborn Infected Children" en sont de bons exemples. Les soli montrent un sens mélodique prononcé et une vélocité importante avec une mention spéciale au magnifique et très virtuose solo de "Lethal Merycism".
Malheureusement, quelques parties s'avèrent très en dessous que l’on peut attendre d’un groupe de la trempe de Benighted. Deux exemples : les guitares mélodiques et simplistes à la fin de "Hostile" créent une ambiance superficielle bien pauvre et les parties Hip-Hop scratchées de "Drowning" qui, bien qu’originales dans ce genre de musique, restent anecdotiques et n’apportent pas grand-chose à l'ensemble.
Compare aux deux précédentes réalisations du groupe, ce dernier opus déçoit donc un peu. Même si la musique est toujours de qualité, brutale et relativement technique, la formation nous laisse sur notre faim. Attendons la suite pour voir si ce n'est qu'une erreur de parcours...