Boris Salvodelli est un groupe qui pourrait recevoir l'étiquette progressive. Oui ! Chorale Progressive définit bien le style du "Biocosmopolitan" ci-présent, digne successeur du "Protoplasmic" de 2009.
Au sens premier du terme, Boris Salvodelli propose une musique progressive en choisissant de présenter un album essentiellement orienté autour du chant, presque exclusivement composé de voix. En évitant le cliché de la chorale à la Pow Wow ou d'un Gospel niaisement fédérateur, la formation développe une musique réfléchie, orientée, osée, combinant derrière un seul chanteur au spectre vocal surprenant différents éléments de Jazz, Gospel, Soul, de chœurs, scats et voix se combinant pour créer une orchestration complète.
Entre chant Gospel rythmé et chorale lyrique plus linéaire, ce chanteur décidément impressionnant (du chant éraillé jazzy à la plus douce mélodie vocale) a su trouver un équilibre idéal rendant sa musique authentique mais également très accessible. La structure rythmique et mélodique de chaque titre se compose de B-Box et souvent de scat comme sur la jazzy "The Discordia" au chant plus engagé mais toujours optimiste.
Partageant son chant entre anglais et italien, parfois au sein d'un même titre comme sur "The Miss Kiss", un des meilleurs moment de l'album qu'un Buddy Holly n'aurait pas renié (même la trompette est jouée avec la bouche), notre chanteur propose une musique jamais lassante malgré l'absence d'instruments.
Absence n'est pas le terme le plus approprié puisque sur certains morceaux, on entend ponctuellement une basse véloce par exemple qui réhausse le côté Jazzy d'un "Biocosmopolitan" (brillantissime et en écoute ici) en proposant un solo brillant suivi d'une jam sur fond de chœurs hypnotiques, ou une trompette qui se promène sur le chant italien du très latino "Concrete Clima" et sur "Kerouac In New York City", sorte de Doo Wop enthousiaste au groove à la limite du Hip Hop. Sur le titre "Biocosmo", présent sous deux versions, l'une italienne l'autre anglaise, c'est un piano éthéré et émouvant, évoquant les gymnopédies de Satie, qui ouvre une œuvre développant des ambiances digne du Marillion le plus mélancolique (la voix y est pour quelque chose). Décidément l'un des grands moments de cet album.
Chaque instrument vient donc ancrer la couleur musicale du titre, réhaussant l'univers dépeint. Et puisque l'on est dans les comparaisons, pourquoi ne pas évoquer les chorales en canon d'unSpock's Beard sur "Dandy Dog" introduit par un Scat alambiqué (ou sur un "Crosstown Traffic" moderne aux voix distordues par quelques effets).
Le radiophonique et groovy "Is Difficult To Fly Without Whisky", au chant pourtant plus solennel, et "Love City", Gospel fédérateur original viennent confirmer la total réussite de cet album définitivement riche et solidement maillé. A Découvrir !