Avec sa pochette malfaisante aux teintes grisâtres, porte béante sur une cavité humide que l'on devine monstrueuse, Transformation peut difficilement passer pour autre chose que ce qu'il est, c'est-à-dire une bonne vieille rondelle de Death metal à l'ancienne.
Bien qu'hébergé chez Century Media qui n'a plus guère l'habitude de signer des groupes inconnus, il s'agit là d'un galop d'essai, précédé il y a un an par un EP qui n'était déjà pas sans qualités. Mais le Metal de la mort old-school et bien poisseux aux entournures dégageant une odeur pestilentielle comme Sonne Adam le forge, a de nouveau les viscères du succès qui frémissent, ce qui peut justifier cette promotion éclair.
Et sans faire montre d'une inspiration aussi délicieusement morbide que Hooded Menace, devenu en l'espace de trois ans le héraut qui a sonné le branle à des zombies par palettes entières, cette jeune formation fait couler un pus généreux qui se nourrit du boyau suédois qu'elle agrémente d'une touche occulte (la reprise de "The Serpents Harvest" de Darkthrone trônant sur le EP, le démontrait déjà) et qu'elle drape d'un suaire ténébreux et cryptique de bon aloi.
Parfois plus proche du Doom que du Death, témoin l'ouverture de "We Who Worship The Black" qui ravive par ailleurs ce sens du riffing cendreux à la Entombed ou Grave des vertes années (les meilleures, encore une fois), Sonne Adam respecte à la lettre les règles du genre. La voix est donc bien caverneuse, façon gorge profonde, le tempo patauge dans la mélasse mais le son se veut toutefois bien plus clair que ce que d'autres adorateurs nostalgiques de cette sous-chapelle peuvent produire actuellement.
Dommage que, outre le fait qu'ils ne diversifient pas suffisamment des aplats par trop linéaires là où on aurait aimé entendre quelques cassures et autres accélérations, les Israëliens aient tendance à confondre rythme paresseux et bouillie baveuse car Transformation affiche toutes les qualités que l'amateur recherche. Ramassés et tendus comme le foc d'un navire, les titres avancent à deux à l'heure, prisonniers d'une chape de mazout qui les empêchent d'accélérer. Ils exsudent une atmosphère écrasante et palpitent d'une énergie noire, sourde, rampante, à l'image de "I Sing His Words".
Tout ici, de l'artwork à la musique, fleure bon le Death old-school qu'enténèbre une aura de blasphème et de cauchemar. On ne s'en plaindra pas. Transformation est un bon premier album, qui vomit avec largesse une ambiance oppressante et infernale, tel un étau qui se resserre. Son cahier des charges est honoré. Que demander de plus ?