Groupe russe basé à Moscou et centré autour de l'instrumentiste multi-cartes Dmitry Shtatnov, Quorum publie son premier album, "Klubkin's Voyage", dont le concept est centré autour des voyages imaginaires qui bercent l'enfance, et qui remontent à la surface tels de vieux souvenirs enchantés une fois l'âge adulte venu.
Quorum se définit comme un groupe de néo-progressif, et il faut bien avouer que de néo dans cet album, point ou peu n'ai-je trouvé. En revanche, les 79 minutes remplissant le CD entraînent l'auditeur dans un voyage (décidément) aux quatre coins de la sphère progressive (sic !), où les références aux personnages qui ont jalonné l'histoire du courant sont nombreuses.
C'est tout d'abord Mike Oldfield qui apparaît, dès l'Overture, sous la forme d'une vingtaine de secondes réinventant le thème tubulaire maintes fois utilisé par son auteur. Un peu plus tard, Pink Floyd en direct de Pompéi vient nous rendre une petite visite psychédélique (Insanity), puis également Camel sur le délicat et mélancolique So Tired.
Mais l'influence majeure qui revient régulièrement dans la musique de Quorum, c'est Genesis, et plus particulièrement la période Hackettienne. Il suffit pour cela de prêter une oreille, même distraite, à l'excellent Klubkin's Voyage, part 2, pour en être rapidement convaincu. Et loin de simplement imiter leurs glorieux aînés, le groupe russe, porté par les arabesques flamboyantes des claviers de Dmitry Shtatnov, réutilise cette influence en l'intégrant et en la mélangeant à d'autres styles : un peu de guitare andalouse par ci, quelques notes de jazz par là, des claviers en fusion façon Keith Emerson, un bon riff de guitare pour emballer le tout et la sauce monte inévitablement. L'auditeur se retrouve ainsi emporté dans un tourbillon musical accessible et balisé avec des repères bien connus, mais où les thèmes s'enchaînent et se renouvellent, pour le plus grand plaisir des oreilles progressives friandes de ces rebondissements multiples.
Après toutes ces louanges, il faut toutefois souligner les deux faiblesses de Klubkin's Voyage. Les parties vocales tout d'abord qui, entièrement chantées en russe, souffrent d'accompagnements parfois légers comparés à la richesse des séquences entièrement instrumentales. Ces dernières étant majoritaires, cette dichotomie reste toutefois peu gênante et n'altère que peu le plaisir ressenti. Enfin, la production manque parfois de punch et de clarté, mais pour un premier album, Quorum récoltera notre indulgence sur ce dernier point.
Réalisant une excellente synthèse des maîtres du progressif des années 70 tout en l'agrémentant d'une imagination mélodique imparable, Quorum déboule dans notre paysage avec de solides arguments pour devenir rapidement presque aussi incontournable que ses glorieux modèles. A déguster de toute urgence, et à suivre de très près.