Si pour vous "album instrumental" rime avec démonstration stérile (lorsque ce n’est pas avec pauvreté mélodique), les franciliens de La Théorie Des Cordes vous proposent un premier album qui possède tous les atouts pour balayer vos a priori et surtout pour combler les aficionados de réjouissances sonores un tantinet complexes.
En effet, faisant fi des écueils propres au genre, ils nous offrent avec ces "Premières Vibrations" un cocktail fort réussi qui, tout au long de 7 titres, nous plonge dans un Jazz Rock aux tendances progressives. La barque semble principalement menée par Mathieu Torres dont les guitares protéiformes occupent la majeure partie de l’espace sonore. Celui-ci, bien qu’adoptant essentiellement des sonorités très propres, parvient en permanence à varier son propos pour développer une vaste gamme de sensations.
Pour ce qui est du style, nous évoluons dans des univers qui, comme le rappellent certains passages de "Rêves Prémonitoires", ne sont pas sans évoquer ceux de Pat Metheny ou des Yellow Jackets, à savoir un Jazz Rock/fusion très empreint de Rock progressif. A l’image de son guitariste, ou plutôt grâce à lui, le groupe a le bon goût de diversifier son propos et par le fait à embrasser bon nombre d’ambiances.
Tout d’abord en alternant les tempos, ceux-ci oscillant entre douceurs sucrées, "D'Hêtre A Etre" ou "Singe", et passages nettement plus entrainants, "Le Bas-Art De L'Epouvante". Mais également en introduisant des petites touches de folie à l’instar de cette intervention hystérique d’un saxophone sur le très bon "Rêves Prémonitoires". Vous l’aurez compris, loin de se montrer élitiste ou rébarbatif, l’ensemble combine à merveille la subtilité inhérente au Jazz Rock avec un réel sens de la mélodie et de la composition.
Si l’on peut concevoir une légère déception, celle-ci serait certainement liée aux claviers qui se montrent par trop sobres et se cantonnent à un rôle d’accompagnement. Or, la formule du trio s’accommode assez mal d’un positionnement en retrait de l’un de ses membres. Et l’on en vient à regretter que, à l’image de ce que le groupe nous montre dans "Berceuse Moderne", les claviers ne se montrent pas plus incisifs et ne prennent pas plus de risques. Mais cette légère réticente ne pèse pas bien lourd face au caractère envoutant de ce premier opus qui nous donne à écouter un groupe aussi talentueux qu’audacieux.