Breathing, ou respiration, est un titre on ne peut plus approprié pour ce nouvel album studio de Paatos, la bande à Petronnella ayant fait patienter ses fans durant cinq longues années depuis le remarquable Silence of Another Kind. Besoin de souffler, de trouver une nouvelle inspiration, de se ressourcer par le biais de collaborations diverses et variées, un peu de tout cela sans doute. Toujours est-il qu'avec cette nouvelle production, le groupe devenu désormais quatuor nous propose ce que l'on pourrait peut-être qualifier d'album de la maturité.
Gone ouvre les hostilités avec une dynamique que l'on avait parfois oublié dans les dernières productions du groupe : une basse intelligente, des guitares acérées, un bon gros son et, cerise sur la gâteau, la voix enchanteresse de la diva qui illumine l'ensemble. La suite s'avère beaucoup plus mélancolique avec des titres à la rythmique lente, aux mélodies suaves, accompagnées sur un mode mineur incapable de décongeler le moindre glaçon de ces contrées nordiques.
La tonalité générale rappelle une autre contrée froide, l'Islande et Björk, mais aussi les Cocteau Twins, pour le côté mid-tempo des différentes plages, illuminées par des arabesques de guitare et une voix enchanteresse. Mais loin de se limiter à ces stéréotypes, Paatos enrichit sa palette sonore avec les saillies de violoncelle ou encore une utilisation plus qu'intelligente du Mellotron, apportant une saveur distinguée à l'univers mélancolique du groupe.
Pour sortir de la monotonie, Paatos nous propose néanmoins quelques montées en puissance, certes mesurées mais tranchant nettement avec la tonalité ambiante. La section médiane de Breathing, ou encore No More Rollercoaster et Over & Out viennent ainsi percuter les oreilles qui avaient tendance à s'engourdir à l'écoute des autres plages, certes magnifiques, mais manquant quelque peu de relief pour rendre cette musique sublime.
Vous l'aurez compris à la lecture des lignes qui précèdent, Breathing est un album digne d'intérêt, bien produit, bien réalisé, bien propre sur lui, mais à qui il manque un peu de folie, ou plutôt d'ambition… progressive (le mot est lâché) pour que de simplement bon, il passe dans la catégorie supérieure, celle des albums inoubliables, ceux qui distillent de l'émotion derrière chaque note, chaque accord, ceux qui ne décollent plus de la platine. Allez, un petit effort pour la prochaine fois ?