Il est de bon ton pour un groupe d’offrir un live après avoir publié quelques albums, soit pour marquer une pause, soit parce qu’il a alors atteint une certaine osmose le lui permettant. En gravant ce Live… In The Heart Of The City devenu légendaire, Whitesnake entre plutôt dans la seconde catégorie.
Le groupe est alors à son apogée car il est conduit par son meilleur line-up : David Coverdale au chant (forcément !), Bernie Marsden et Micky Moody aux guitares, Neil Murray à la basse, Jon Lord aux claviers et Ian Paice à la batterie. On peut difficilement rêver mieux. En outre, ce live s’inscrit en héritier d’une longue tradition initiée par Deep Purple, dont Coverdale, Lord et Paice furent des membres quelques années auparavant, et qui fût un des premiers combos à enregistrer régulièrement des lives (Made In Japan, Made In Europe...).
Cet album n’a pas été capturé sur une seule date (ce qui est rarement le cas) mais sur trois concerts à l’Hammersmith de Londres (deux en 1980 et un en 1978) et délivre onze des meilleurs morceaux du groupe extraits essentiellement de Snakebite, Trouble, Lovehunter et surtout Ready An’ Willing, ainsi que deux classiques issus du répertoire du Pourpre Profond ("Might Just Take Your Life" et le superbe "Mistreated" pour une très bonne interprétation, à laquelle il manque toutefois la présence sombre et unique de Ritchie Blackmore).
De fait, ce Live… In The Heart Of The City a des allures de best-of déguisé, tous les brûlots étant joués d’une manière fidèle et somptueuse : les énergiques "Come On", "Sweet Talker" et "Ready An’ Willing", sans oublier les grandioses "Walking In The Shadow Of The Blues" et "Love Hunter", dans une version dantesque de plus de dix minutes, et dont les racines blues sont encore davantage accentuées sur scène. L’imparable "Fool For You Loving" qui a permis la même année à Whitesnake de lui ouvrir la porte des charts ne manque bien sûr pas à l’appel, tout comme l’énorme "Ain’t Gonna Cry No More", l’efficace "Take Me With You" ainsi que ce "Ain’t No Love In The Heart Of The City" gorgé de feeling.
Coverdale livre tout au long de ces titres une performance impeccable quand bien même elle impressionne peut-être moins que lorsqu'il était dans Deep Purple. Les cinq autres musiciens ne sont pas en reste non plus : Marsden et Moody brillent de mille feux, Lord se déchire avec ses claviers, et Murray et Paice forgent une rythmique solide.
Avec Live… In The Heart Of The City, le Serpent Blanc offre l’un des plus grands lives de l’histoire du hard-rock. Il constitue enfin un témoignage scénique rare de la première partie de carrière (la meilleure) du groupe.