Ceux qui connaissent Dredg devaient probablement attendre cet album comme le messie depuis le chef d’oeuvre musical (oui, j’ose!) qu’a été “The Pariah, The Parrot, The Dellusion”. Eh bien, inutile de nourrir les faux espoirs plus longtemps, puisque le groupe l’a dit lui-même sur son site officiel : “Chuckles And Mr. Squeezy” n’a rien à voir avec “The Pariah” et n’en n’est pas la suite logique.
Intégrant les influences de leur nouveau producteur, Dan The Automator (Gorillaz, entre autres), “Chuckles And Mr. Sueezy” est effectivement très Pop, avec des structures de morceaux simples, des interludes quasi-inexistants, des couplets redondants, des refrains fades et un abandon total du côté expérimental qui faisait de Dredg un groupe de Rock Indie/Prog à part entière...
Les sonorités sont très électroniques, notamment sur la rythmique et les percussions, et les guitares relayées au second rang, ce qui en soi n’est pas un problème (regardez du côté de Pure Reason Revolution!). Mais ici les riffs tournent en rond et ne varient pas, ne présentant de surcroît aucune originalité. Dès lors, le côté sombre et mélancolique de l’album, qui aurait pu s’avérer un gros plus en suscitant l’émotion, se voit gangrené par un manque effroyable de feeling, rendant les différentes mélodies plutôt mièvres dans leur ensemble. Et lorsque certaines rythmiques paraissent plutôt bien tournées (le côté floydien de “The Tent”, l’électro-poignante “Down Without A Fight”, ou encore “The Ornament”), elles se voient contrées soit par une sur-répétition du thème, soit par une ligne de chant trop plate.
Si la voix de Gavin Hayes est une fois de plus parfaite, véritable lumière dans cet album sombrement triste et mal goupillé, c’est malheureusement au niveau de la production que ça coince, puisque les parties vocales sont relayées au second plan... Heureusement, quelques passages se révèlent intéressants, principalement sur de rares interludes, seuls moments “d’évasion” de cette galette, notamment sur “Upon Returning”, ou sur le single “The Thought Of Losing You”. Mais pour ce qui est des soli, points forts de “The Pariah”, c'est le vide total...
En définitive, bien que “Chuckles And Mr. Sueezy” ne soit pas un mauvais album en soi, il est un peu à Dredg ce que “St. Anger” a été à Metallica ou ce que “Scarsick” a été à Pain Of Salvation. En espérant que, contrairement aux seconds, cet album ne soit qu’une fausse note dans leur discographie et que Dredg évite une descente aux enfers en rectifiant le tir au plus vite...