Bien qu'apparu au milieu des années 90 suite aux travaux précurseurs de Thergothon et de Skepticism, l'onde de choc provoquée par cette nouvelle chapelle ardente, baptisée aujourd'hui Funeral Doom, ne se fera finalement ressentir qu'au début de la décennie suivante. Shape Of Despair, Tyranny ou Until Death Overtakes Me sont quelques uns de ses héraults, sombres porte-drapeaux d'un genre qui enfonce le Doom dans des abymes insondables où nul n'avait osé encore s'aventurer.
Moins Death que des formations comme Evoken et relativement moins extrêmes que des explorateurs solitaires du type Esoteric ou Disembowelment, ces groupes ne peuvent se déployer que par le biais de longues plages hypnotiques, quasi contemplatives et qu'une lenteur maladive rend particulièrement pétrifiées. Au point qu'il semble presque incongru de qualifier cette musique de Doom, tant celle-ci se rapproche davantage de Burzum que de Candlemass. Ici, tout est affaire d'atmosphères, d'ambiances mortifères, plus que d'aggression.
Pantheist s'inscrit pleinement dans cette mouvance, ce qui ne l'empêche pas de se forger déjà une identité qui lui est propre. O Solitude, son offrande séminale, respecte les sacro saintes règles du genre : cinq pavés le composent, dont le dernier atteint les 18 minutes au compteur, qui suintent d'une tristesse et d'une mélancolie évoquant de sombres journées d'hiver quand le froid drape de son voile brumeux des paysages fantômatiques.
Les gigantesques "Don't Mourn", "Envy Us" et surtout l'abyssal "Curse The Morning Light", portés par un chant majestueux et des claviers funèbres plus proches de l'orgue d'église que du synthétiseur, sont de véritables processions funéraires qui vous emportent et vous engourdissent avant de vous plonger dans un gouffre d'une indicible dépression.
Les fondamentaux sont donc respectés, mais ils sont parasités par d'autres éléments qu'introduit Pantheist, notamment ce caractère liturgique et solennel unique et ces accélérations finales, comme sur "O Solitude" et "Time", qui font toujours mouche et évitent à l'album de sombrer dans le monolithisme, principal écueil que ne parviennent pas toujours à éviter les défenseurs de la cause Doom.
Avec cette première prière, Pantheist signe sinon une des pierres angulaires du Funeral doom, au moins un des oeuvres les plus belles d'un style qui bénéficie enfin d'une (relative) reconnaissance.