Joseph Williams fut le frontman de Toto sur Fahrenheit en 1986 et The Seventh One en 1988, deux albums sur quinze donc. Un brin de mathématiques appliquées nous amène à constater qu’il contribua ainsi à 13% de la discographie du groupe californien. Voilà qui constitue une belle ligne sur une carte de visite mais qui ne permet tout de même pas de considérer l’homme comme « le » chanteur de Toto. Or c’est bien pourtant cette ellipse qui nous est assenée via l’annonce de la sortie de l’opus éponyme de Williams & Friestedt qui voit le bonhomme partager la vedette avec Peter Friestedt un guitariste suédois (« acclamé » nous dit on) ayant à son actif un couple d’albums intitulés LA Project et LA Project II (considérés, nous dit on également, comme « les meilleurs albums West Coast de ces dernières années »).
Voilà donc une bien gouleyante accroche. Cependant, comme nous avons l’habitude à MW, non pas de ne croire que ce nous voyons mais bien de n’entendre que ce que nous écoutons, il a forcément été question ici d’aller voir d’un peu plus près le produit, histoire de vérifier si la mariée ne serait pas (annoncée) trop belle.
34 minutes d’écoute plus tard, après avoir noté que de nos jours nous sommes ici plus proches en durée d’un demi-album que d’un opus entier, nous pouvons d’ors et déjà nous rendre compte que Toto n’est pas loin (qui l’eût cru ?), un Toto époque Fahrenheit et The Seventh One plus précisément (qui l’eût cru ?).
Après quelques écoutes supplémentaires (le métier de chroniqueur nécessite un minimum de recul) nous pouvons rajouter que les neuf titres proposés ici arpentent la gamme de deux façons différentes. L’une enlevée, avec des titres dans l’ambiance d’un “Pamela” (The Seven One), où se nichent “Swear Your Love”, “Say Goodbye”, “Where To Touch You” et “Stay With Me” et l’autre doucereuse avec des morceaux dignes d’un “Thousand Years” (The Seventh One encore) où se lovent “Sometimes You Win” (proche également d’un morceau de Prefab Sprout), l’instrumental “Going Home”, “One More Night”, “Gotta Find It” (plus funk) et “Letter to God”.
Que vous soyez d’un côté ou de l’autre de ce miroir (qui aurait pu être aux alouettes) la qualité est au rendez-vous. Williams se rappelle parfaitement ce qu'est « faire du Toto » et le restitue avec justesse. Nous aurions peut être souhaité une cuillère de punch en plus et une louche de compositions supplémentaires, mais ne boudons pas notre plaisir et contentons nous de cet opus fleurant bon Toto en attendant un hypothétique nouvel album des cadors américains.