Bien qu'il corresponde encore à la période bénie du groupe, In Rock We Trust ouvre pourtant une nouvelle période dans la carrière de Y&T qui voit ce dernier commencer à la fois à récolter les fruits de son travail sur un plan strictement commercial mais aussi à entamer une courbe descendante en terme d'inspiration, laquelle débouchera en toute logique sur des changements de line-up puis un split inévitable en 1991.
Toutefois, en 1984, ce déclin paraît encore loin et les Californiens poursuivent leur trajectoire au rythme d'un album par an, chacun d'entre eux rencontrant plus de succès que son prédécesseur. Mis en boîte cette fois-ci par Tom Allom, surtout connu pour sa collaboration avec Judas Priest, In Rock We Trust le confirme en atteignant la quarante-sixième place du Billboard, position qui fait de lui le disque le plus vendu de ses auteurs. Sa direction musicale plus lisse et facile explique cette promotion.
S'il reste ainsi égal à lui-même et aisément reconnaissable ("Masters And Slaves"), on devine déjà aux détours de certains choeurs ("I'll Keep On Believin'" et surtout "Don't Stop Runnin'") plus appuyés qu'à l'accoutumée et de certaines mélodies éprouvées bien que toujours efficaces et imparables, que le groupe cherche à toucher un public plus large et ce faisant à couler son art et son talent dans un moule plus commercial voire franchement FM.
Grâce au métier des musiciens en présence, le résultat est bien entendu honorable et on ne se lasse pas de réécouter un tube tel que "Lipstick And Leather" ou d'autres cartouches plus méconnues à l'instar de "Break Out Tonight !" ou de la ballade "This Time" durant laquelle le feeling de Dave Meniketti fait des merveilles. Comme toujours.
Mais In Rock We Trust, qu'habille une pochette assez ridicule, manque tout de même de vrais grands moments et de ces éruptions jouissives auxquelles nous avait habitué le groupe. Du coup, celui-ci semble avoir perdu en inspiration et personnalité ce qu'il a gagné en potentiel commercial. Reste un bon album qui prépare donc le terrain à Down For The Count, oeuvre inégale qui soulignera encore davantage le trait au point d'arrimer Y&T à la scène glam alors en vogue.