En bon adepte de conceptualisation et après un premier essai sorti en 2008 portant l’étrange nom de "Soliloquy Of The Transparent Boy", Tinkicker retente de faire parler de lui avec "The Playground At The Edge Of The Abyss", une espèce d’herbier où les Danois couchent sur tablature des histoires de divers personnages dans leur environnement et en proie avec leur passé. Et c'est sur un fond heavy metal que ces destins romancés prennent vie, un style que le quatuor s’accorde pour estampiller « Pink Sabbath », même si l’influence Sabbathienne semble a posteriori plus prégnante que celle de Pink Floyd.
Il faut dire que cet album concept (franchement plus conceptuel sur le fond que sur la forme), malgré la tragédie qui paraît se dégager de ce théâtre de la vie, s’orne d’avantage d’un hard rock mélodico-romanesques que de brulots quérulents. De belles pierreries se dévoilent ainsi, en de rares fois peut-être se montreront-elles insuffisamment taillées, mais en majorité elles finissent parées d’envolées des plus percutantes ("Li'l Mary", "Neon Lights and Transvestites")
La production est malheureusement un peu responsable de cette petite attaque : mollassonne, pas très incisive, elle ne permet notamment pas aux guitares de s’exprimer pleinement. Heureusement, Klaus Bastian, de son timbre rappelant parfois Bruce Dickinson, tire la couverture de son côté pour donner un peu plus de chaleur à l’ensemble.
En dépit de ce léger problème, ces natifs de Copenhague savent faire parler les décibels, parfois très hautes dans les passages durs limite trashy ("Son of the Syringe", "The Great Escape") ou d’une manière affectée lors des ballades exhumant les anciennes complaintes des Guns ("Flowers in the Asphalt", "Reflections from the Sun", "Neon Lights and Transvestites"). Voguant au milieu de ses deux extrêmes, le heavy de Tinkicker affiche une forme et un professionnalisme qui va fort heureusement à l’encontre de l’amateurisme de l’artwork.
Par ses dix-huit courts chapitres, ce manuscrit fourmille d’idées concises, jamais redondantes, et globalement avenantes. Il sera dommage de ne pas laisser sa chance à cette formation qui a toute ses raisons d’être dans notre paysage musicale électrique.